Le zemmourisme se nourrit de notre embarras
Et pourtant la machine médiatique a mis quelques jours à soulever les questions (économique, diplomatique, morale) que pose la décision italienne. Comme si tout le monde en était gêné. Il a fallu attendre quelques jours pour que la nouvelle se fasse une petite place aux journaux de 20 heures, et aux radios du matin. Les vidéos des centaines d’immigrants qui campent déjà à Vintimille, attendant de passer la frontière, prolifèrent pourtant dans la fachosphère, mais rien, ou quasiment, dans les médias généralistes. Est-ce le côté inédit de la situation ? Est-ce le trouble de voir, pour une fois, Berlusconi sortir de son rôle de matamore ? […]
Mais voilà. Zemmour et ses semblables sont des loups, qui flairent comme l’odeur du sang notre embarras. L’embarras se voit, s’entend, se sent.
Après quelques jours de silence embarrassé, survient forcément la meute, qui va faire son festin des vérités interdites, de la bien-pensance, et autres victuailles. Comment éviter la meute ? D’abord regarder en face ce qui embarrasse. Ne pas se demander si ça arrange ou dérange, ne pas attendre d’avoir trouvé les solutions avant de décrire le problème. Facile à dire…
Libération (Daniel Schneidermann)