Pour Raphaël Liogier, professeur de sociologie à Sciences Po Aix, et directeur de l’Observatoire du religieux, l’heure est venue pour les Français musulmans de «sortir de leur apathie, de dépasser le sentiment de honte, et de passer à l’action.»
Chez un musulman, cette radicalité parfaitement inoffensive peut se traduire par un régime alimentaire strictement hallal et par le fait de porter le voile intégral. Il n’y a pas de stratégie prosélyte, de conquête ou autre, puisqu’il s’agit d’une décision foncièrement individualiste, aspirant à l’expérience spirituelle personnelle.
Raphaël Liogier amorcera la discussion sur l’organisation d’une «Muslim Pride» d’envergure, vendredi 15 avril, à 19h30, au sein de l’Institut des Cultures d’Islam , au cœur du quartier emblématique de la France métissée, la Goutte d’Or.
Si «être musulman» fait partie de l’identité d’un citoyen, il n’a pas à abandonner cette partie de sa «personne concrète» au profit d’une fausse universalité abstraite. La véritable universalité est concrète, elle est participative. […] Les prisons ne sont pas en réalité «remplies de musulmans», mais de délinquants qui, comme tous les délinquants du monde, sont issus des milieux sociaux les plus en difficulté, parmi lesquels se trouvent effectivement beaucoup d’individus «d’origine» musulmane.
En agissant pour eux-mêmes, les musulmans agissent pour nous tous. Jadis les hommes de bonne volonté, les citoyens respectables et responsables, et aussi ceux que l’on a appelés “les intellectuels”, devaient se sentir, et même être symboliquement juifs, lorsque le “Juif” était devenu un principe métaphysique. C’est pour cela, de la même façon, que je me sens symboliquement musulman aujourd’hui, en tant que citoyen Français soucieux de la préservation de la démocratie. […]