En trente années de carrière, Frédéric Péchenard a gravi tous les échelons de la Police nationale. En exclusivité pour Metro, celui qui en est aujourd’hui le directeur général livre son sentiment sur les enjeux de la lutte contre la délinquance, et l’évolution du travail de ses services. Entretien.
Quelles sont aujourd’hui les préoccupations du patron de la Police Nationale ?
D’abord, le terrorisme islamiste qui menace la France et ses intérêts à l’étranger. Ensuite, l’économie souterraine et le trafic de stupéfiants qui gangrènent nombre de nos cités. Enfin, la lutte contre l’immigration irrégulière, au regard des récents mouvements de populations vers l’Europe, suite aux événements qui se sont déroulés en Tunisie et en Libye.
Si l’on en croit les statistiques, la délinquance augmente. Comment l’expliquez-vous ?
Les chiffres ne montrent pas une hausse de la délinquance. Loin de là. Globalement, la délinquance baisse en France. Et ce depuis 2002. Par exemple, le nombre d’homicides a diminué de 50% en vingt ans : il y avait près de 1500 homicides dans les années 90, contre 680 l’année dernière, avec un taux d’élucidation de plus de 90%.
Certains indicateurs affichent pourtant de fortes hausses…
Nous les prenons très au sérieux et adaptons nos actions en conséquence. Il y a deux ans, les chiffres signalaient une augmentation des vols à mains armés. Les plans ciblés que nous avons mis en place se sont révélés efficaces, puisque les derniers chiffres montrent une baisse de ce type de délits. Concernant le phénomène important du vol de téléphones portables, la loi permet depuis peu de faire bloquer la puce, mais aussi de rendre inutilisable le boitier du téléphone. A terme, cette nouvelle disposition devrait nous permettre de voir baisser ces délits.
Il semble pourtant que le sentiment d’insécurité des Français reste fort…
Sans doute. Le ministre de l’Intérieur m’a demandé de réfléchir à un redéploiement des policiers en uniforme sur le terrain. Il faut que les forces de l’ordre soient encore plus visibles, afin que leur présence soit dissuasive et rassurante, notamment dans les secteurs où ce sentiment reste prégnant.