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Saïf, 18 ans, est originaire de Zarzis, une station balnéaire située à 600 kilomètres au sud de Tunis. France-Soir a rencontré Saïf, dans un café, gare du Nord à Paris où il est arrivé il y deux mois. Il est hébergé par «des amis», en banlieue de Paris. Saïf, qui «pensait bêtement que la France était au bout de la plage… » raconte son périple.

A quel moment avez-vous décidé de venir en France ?

J’ai pris le bateau par hasard. Mon cousin était sur le point de partir. J’ai sauté sur mon scooter pour aller lui dire au revoir. Quand je suis arrivé à la plage, il avait déjà embarqué, avec plusieurs amis. J’ai abandonné mon scooter, je suis monté, comme ça, sans rien, sans argent. Pour voir la France, comme les autres. Nous étions trois cents au moins à bord. La moitié étaient de Zarzis.

Beaucoup de Zarzisois sont partis…

Quatre mille personnes, je pense… En tout cas, tous ceux qui souhaitaient venir en France l’ont déjà fait. Maintenant, les gens qui arrivent à Lampedusa viennent d’autres villes, d’autres régions de Tunisie. […]

Vous n’avez pas été arrêté côté français ?

Non, jamais. Je suis arrivé à Marseille où j’ai pris (sans billet) un TGV pour Paris.

Comment se déroule votre vie ici ?

On m’avait dit que je trouverais du travail facilement. Je suis prêt à faire n’importe quoi. Dans le bâtiment ou la restauration. Mais il n’y a rien, je n’ai rien trouvé. On me dépanne, mais ça ne peut pas durer éternellement… Je pensais que la France c’était le confort. On n’est pas riche à Zarzis mais on y vit bien. Là-bas, nous avons des maisons ou des grands appartements. Ici, on vit entassés les uns sur les autres. Certains se retrouvent carrément à la rue. Plusieurs centaines sont d’ailleurs déjà rentrés en Tunisie. Ils n’ont pas trouvé de boulot. J’en connais même qui ont demandé à leur famille, restée au bled, de leur envoyer de l’argent pour pouvoir revenir au pays. D’autres cherchent des organisations qui puissent leur payer un billet d’avion. […]

Vous n’avez pas envie de les retrouver vos proches ?

Ça m’énerverait d’avoir fait tout ce voyage pour rien… On dit que ça va changer en Tunisie, mais quand ? Dans cinq ans, dans dix ans ? On n’a pas le temps d’attendre. La prochaine génération en profitera, peut-être, pas nous.

France-Soir

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