L’annonce du gouvernement de réduire le recours aux travailleurs étrangers a suscité lundi un tollé du côté des syndicats, qui dénoncent un discours anti-immigration, et la réserve du patronat dont la chef de file Laurence Parisot plaide pour un pays «ouvert».
On voit que le gouvernement est en campagne, il multiplie l’annonce de mesures tendant à faire plaisir à l’électorat du Front National. (Mourad Rabhi, CGT)
A un an de l’élection présidentielle et en pleine controverse sur l’immigration, l’annonce a déclenché l’ire des syndicats: «c’est une façon déguisée de faire du discours contre l’immigration», a accusé le secrétaire général de la CFDT François Chérèque. Son homologue de FO Jean-Claude Mailly dénonce un «discours dangereux» qui «dans le contexte actuel sent mauvais».
Selon Mourad Rabhi (CGT), «même s’ils durcissent cette liste, cela n’aura aucun impact et ne répondra en rien à la problématique du chômage en France». […]
La CGPME, organisation patronale, insiste sur la nécessité de la formation des jeunes chômeurs mais «en attendant il faut que nos entreprises soient capables d’honorer leurs carnets de commande, et ne perdent pas de contrats», prévient Geneviève Roy. Pour le patronat, le problème est celui des postes offerts qui ne trouvent pas preneurs – malgré un chômage de masse- et dont le nombre dépasse largement celui de l’immigration légale. Le Medef les évalue à 500.000, la CFDT évoque 150.000. […]
Mais à près de 40% les emplois offerts sont saisonniers. Et parmi les profils recherchés, outre les informaticiens, il s’agit en majorité de métiers souvent mal rémunérés (cuisiniers, serveurs, aides ménagères, emplois de maison, infirmiers, agents de sécurité). Professions qui ne correspondent pas à celles ouvertes aux immigrés. D’ailleurs, seuls 18% des patrons rencontrant des difficultés de recrutement songent à faire appel à des personnes de l’étranger, selon cette enquête. Les autres prévoient de former des candidats.