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Le président sortant, Goodluck Jonathan, restera aux commandes du Nigeria. Il a été réélu à la tête du pays, cinquième exportateur mondial de pétrole et géant de l’Afrique de l’Ouest. Mais la victoire de ce chrétien du Sud passe difficilement auprès des populations des régions musulmanes. Selon les résultats complets, Goodluck Jonathan dispose d’une confortable avance, avec 22 millions de voix.

Le Parti démocratique du peuple, l’ultradominant PDP, a remporté toutes les présidentielles dès le premier tour depuis l’instauration de la démocratie au Nigeria en 1999. Le scrutin, qui s’est déroulé dans le calme samedi, est loin de satisfaire tout le pays. La fraude massive de ces dernières années, qui avait transformé les votes en kermesses, semble avoir été contenue. […] Mais l’examen plus précis des ­votes laisse néanmoins planer des doutes, en particulier les scores anormalement élevés obtenus par Goodluck Jonathan dans son fief du Sud chrétien. […]

Dans le Nord, l’annonce de la victoire de Jonathan a provoqué de violentes réactions. Une règle non écrite veut qu’à un président chrétien succède un président musulman. Or Umaru Yar’Adua, le dernier musulman élu, était mort après seulement 18 mois au pouvoir. Goodluck Jonathan, son vice-président, avait pris la succession.

«Des morts ont été signalés» notamment à Kano et dans l’Etat voisin de Kaduna, a affirmé lundi un responsable de la sécurité, sans pouvoir donner un bilan plus précis. A Kaduna, des manifestants ont incendié des pneus dans les rues en hurlant: «Nous voulons Buhari.» À Zaria, des protestataires ont incendié une église, la maison du vice-président Namadi Sambo et celle de l’émir de la ville, selon un habitant. Ils ont aussi libéré de nombreux détenus. Selon un témoin, des maisons et des voitures appartenant à des chrétiens ont été détruites par des supporteurs furieux de Buhari. Un couvre-feu a été décrété dans l’État de Kaduna. L’armée avait été massivement déployée et des hélicoptères survolaient la cité de Jos, théâtre de récentes émeutes interreligieuses.

Le Figaro

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