Qui paie ses dettes s’enrichit. Ce dicton, a priori paradoxal, puisqu’en principe, lorsqu’on sort de l’argent de sa propre bourse, on s’appauvrit, renvoie à un aspect plutôt psychologique car une fois qu’on s’est affranchi de ses créanciers, on se trouve libre de disposer de toutes ses ressources. Un enrichissement moral, en quelque sorte. En outre, on gagne en crédibilité et on peut emprunter de nouveau. Schématiquement, cela concerne les Etats et leurs dettes bilatérales et multilatérales. En Tunisie, on considère que toute dette contractée au nom de la Tunisie et au nom du peuple tunisien doit être honorée. La dette de la Tunisie s’élève à 14,4 milliards de dollars.[…]
A l’inverse, d’aucuns estiment que “qui paie ses dettes s’appauvrit”. Selon eux, “pour payer leur dette, les pays du tiers-monde doivent faire de nouveaux emprunts à des conditions très strictes. Ils doivent obtempérer aux exigences du FMI. Ces exigences ont pour nom le Programme d’ajustement structurel (PAS). Ce vaste programme de réformes économiques (comprenant la stabilisation monétaire et budgétaire et la réforme des structures) se fait souvent au détriment de l’agriculture vivrière, des programmes sociaux (éducation et santé), de la réduction des prix sur les matières premières ou de la vente des ressources naturelles… Elles font miroiter un développement rapide et une entrée privilégiée dans le cercle des pays riches ou dans celui des pays industrialisés. Elles ne procurent en fait que dépendance et font entrer leurs adeptes dans une spirale de l’endettement”.
Pour la Tunisie, le débat actuel ne se fait pas à ce niveau, il concerne plutôt la dette dite “odieuse”, celle que Ben Ali a contractée au nom de la Tunisie, mais qu’il a détournée à son propre profit. Les sommes trouvées dans sa demeure de Sidi Bou Saïd seraient une preuve de ce détournement.
Cette dette n’est pas obligatoire pour la nation ; c’est une dette de régime, dette personnelle du pouvoir qui l’a contractée, par conséquent, elle tombe avec la chute de ce pouvoir […]