L’épicerie Criquillion à Séguret a été braquée onze fois, la dernière en décembre 2008, juste avant Noël. Deux fois la propriétaire du magasin Annie Criquillion s’est retrouvée avec le pistolet sur la tempe. Un triste record dans le genre Simenon très noir.
Très longtemps je me suis réveillée en sursautant. Il y a la crainte aussi et l’impression d’avoir quelqu’un qui s’approche, surtout l’hiver quand il fait noir au moment de la fermeture. Une fois qu’on a connu ça, il y a toujours cette hantise et l’interrogation : « Est-ce que quelqu’un va venir ? » « Ils sont capables de tout et je suis une proie facile
Forte de son expérience, la sexagénaire, isolée hors du centre-village, avertit qu’un braquage ne se fait pas par hasard, il y a la période d’observation : « Ils viennent voir un peu comment ça marche, s’il y a des caméras, qu’est-ce qui est à voler rapidement. Ils cherchent la facilité et la rapidité. Puis leur but c’est de faire peur, de tétaniser afin qu’il n’y ait pas de résistance. Ils sont capables de tout et je suis une proie facile. »
« Le braquage du tabac à Sablet en 2008 a été jugé » rappelle son fils Jérôme. Celui qui a tiré sur le buraliste a pris 18 ans de prison. À la question si eux ont connu des poursuites judiciaires pour les braquages vécus, la commerçante banalise :
Rien ! Pour les onze fois rien ! Les deux premières fois, l’assurance nous a payés un peu, mais après elle n’a plus voulu nous couvrir. Une petite structure comme nous, aucune assurance ne la prend en charge, ou alors à des prix exorbitants. À croire qu’elles se passent le mot entre elles, du genre : « Il ne faut pas prendre madame Criquillion. Elle se fait braquer tout le temps.