Serg Mokanda, a publié Un Noir en Colère (ed. afromundi) en mars dernier. Français d’origine camerounaise, il est diplômé en gestion des entreprises et dirige l’association Afro’Events qui participe à la «promotion de la diversité culturelle africaine». L’auteur tente dans son livre de «cerner les obstacles qui freinent l’élan de la société française vers un mieux vivre-ensemble».
L’intégration des Noirs et des Arabes n’est pas plus compliquée que celle des autres immigrés. Les immigrés italiens du début du siècle dernier ont rencontré les mêmes difficultés. L’intégration n’a rien à voir avec la couleur de peau ou la religion.
Pensez-vous que dans le cas de l’arrivée des immigrés clandestins tunisiens sur l’île de Lampedusa, par exemple, il s’agisse d’un pur fantasme ?
Il faut distinguer l’immigration naturelle, qui est à l’origine d’une population métissée, de l’immigration humanitaire que rencontre actuellement l’Italie. L’immigration n’a jamais été un problème en soi. Le déplacement d’un individu d’un point A vers un point B est naturel. C’est la confusion entre ces deux formes d’immigration qui est instrumentalisée. […]
A la lecture de votre livre, on pourrait penser que la France est un Etat communautaire…
Ce que je défends dans mon livre, c’est que les communautés, les identités existent. La république française tient un discours schizophrénique qui consiste à dire que ces communautés n’existent pas. Il vaudrait mieux reconnaître que la France est constituée d’identités multiples. Le modèle assimilationniste français est à bout de souffle. Les émeutes de 2005 étaient des révoltes de reconnaissance. Le nier consisterait à rentrer dans une logique conflictuelle. Mon discours est pragmatique. Vivre-ensemble, c’est connaître et reconnaître les identités. […]
Quelle est votre position sur le racisme anti-blanc ?
On ne peut pas renvoyer dans le même coin racisme anti-blanc et négrophobie. Il existe par exemple une différence numérique, en termes de chiffre. Les deux formes de racisme existent mais la négrophobie est dominante. Il ne s’agit pas de faire une hiérarchisation. […]