A Qéna, ville de Haute-Égypte, à forte concentration chrétienne, des manifestations ont éclaté pour dénoncer la nomination du nouveau gouverneur, général Emad Mikhaïl, un chrétien. Certes, c’est un officier de l’ancien régime, mais son passé ne semble pas être le seul critère de rejet.
Notre province ne sera pas dirigée par un chrétien.
Salafistes, Frères musulmans et membres de la Jamâa islamiya ont repris le mouvement à leur compte. L’Egypte est quasiment coupée en deux, tous les trains reliant le nord au sud étant obligés de s’arrêter à une centaine de kilomètres au nord de Qéna.
Abou Georges, sexagénaire au poignet tatoué d’une croix, ne cache pas sa colère : «Nous avions bien raison de craindre la montée du fondamentalisme musulman. Voyez ce qui se passe à Qéna !» Depuis le samedi 16 avril, des milliers de manifestants se regroupent tous les jours dans les rues de cette ville de Haute-Égypte, à forte concentration chrétienne, pour dénoncer la nomination du nouveau gouverneur. Ils s’insurgent contre le choix de l’exécutif, qui a attribué au général Emad Mikhaïl la fonction de gouverneur de Qéna.
Au départ, la contestation lancée par des jeunes de la Révolution du 25 janvier portait sur le passé du général. De fait, Emad Mikhaïl était l’adjoint du directeur de la sécurité de Guiza, c’est donc un officier de l’ancien régime, un policier qui a peut-être participé aux violences commises contre les manifestants de février. Mais le gouvernement n’a pas donné suite aux revendications des jeunes. […]
Pour désamorcer la crise, le gouvernement a envoyé à Qéna, le 19 avril, le ministre de l’Intérieur en personne. Mais les chefs des manifestants ont refusé tout dialogue, toute conciliation, et ont adopté la même attitude face aux dignitaires religieux qui cherchaient à prêcher la bonne parole. […] Finalement, la décision du gouvernement est tombée jeudi matin : le général Emad Mikhaïl demeurera le gouverneur de Qéna. La contestation, loin de se calmer, commence à s’étendre à d’autres villes du pays.