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En Hongrie, une nouvelle constitution qui fait référence à Dieu et au christianisme; en France, le «passé chrétien» qui ressurgit. Et partout en Europe, des partis «plus ou moins populistes» font revivre la référence religieuse comme vecteur identitaire. Un «populisme» que Dominique Reynié, politologue, professeur à Science-Po, considère comme «une religion rituelle sans spiritualité».

Il s’agit d’abord et avant tout d’un retour à la religion comme patrimoine, et pas comme une spiritualité. Cela concerne des objets concrets, comme les églises. C’est d’ailleurs une question européenne importante qui consiste à savoir ce que nous allons faire de tous ces bâtiments, qui sont pour la plupart vides.

Y a-t-il un lien entre la montée du populisme en Europe et le retour à de plus en plus de références religieuses, notamment aux sources chrétiennes ?

Tout d’abord, le populisme qui triomphe aujourd’hui en Europe est un populisme que je qualifie de patrimonial. Le patrimoine en question possède deux dimensions : une dimension matérielle, c’est-à-dire des groupes sociaux qui considèrent que leurs intérêts sont remis en cause par la mondialisation, la globalisation. Par exemple, les classes populaires qui constatent que leur pouvoir d’achat stagne ou recule.

Et puis, il y a la dimension du patrimoine immatériel, dans lequel on trouve les traditions, les habitudes, les paysages architecturaux que l’on veut préserver, accompagné d’un malaise identitaire des Européens qui comprennent soudainement qu’ils sont en train de changer profondément de société. Ces changements, ils ne les ont pas vu venir, et les politiques ne les leur ont pas expliqués.

Ils se réveillent soudainement avec la peur de se retrouver, dans quelques années, dans une société radicalement différente. Dans cette société familière qui est train de disparaître, il y a la religion chrétienne. Ce qui est paradoxal, c’est que ce sont les mêmes qui ne vont plus à la messe qui regrettent le déclin de la religion chrétienne en Europe.

Le désengagement que l’on constate un peu partout en Europe en ce qui concerne la religion chrétienne, avec parallèlement une recomposition ethnoculturelle due à l’immigration qui fait émerger une autre religion, l’islam, fait réapparaître la question religieuse. « Que sommes-nous devenus ? », se demande-t-on en Europe. Plus précisément, l’on se dit : «La religion n’a pas disparu, c’est notre religion qui décline.» Cela nourrit, plutôt qu’un enrichissement culturel, l’idée d’un conflit ethnoculturel que l’on retrouve dans tous les populismes. Et un certain retour du religieux. […]

Le Monde des Religions (Merci à Alex)

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