La cathédrale de Reims célèbre à partir du 6 mai ses 800 ans, huit siècles d’histoire de France, des premiers sacres royaux à la réconciliation franco-allemande scellée en son sein par de Gaulle et Adenauer.
La première pierre de ce chef-d’oeuvre de l’art gothique, qui accueille près d’un million et demi de visiteurs par an, fut bénite le 6 mai 1211 par l’archevêque de Reims, Aubry de Humbert, selon les archives épiscopales. Une série de manifestations est prévue jusqu’au 23 octobre pour célébrer l’ouvrage, classé depuis 1991 au patrimoine mondial de l’Unesco : spectacles de rue, concerts, expositions et conférences. […]
L’édifice, dédié à Marie, fut construit sur les vestiges de deux autres églises précédemment détruites, au lieu même du baptême de Clovis par Saint Remi en l’an 898. « Le baptême du roi des Francs à Reims donne au futur royaume de France ses bases chrétiennes et préfigure les sacres royaux », explique Patrick Demouy, professeur d’histoire médiévale à l’université de Reims-Champagne-Ardenne. Dès 816, le roi carolingien Louis le Pieux, fils de Charlemagne, choisit Reims en souvenir de Clovis pour recevoir la couronne impériale. D’Henri 1er (1027) jusqu’à Charles X (1825), tous les rois de France furent sacrés dans l’église de Reims, à l’exception de Louis VI et d’Henri IV alors en guerre avec l’armée de la Ligue qui tenait la ville. L’enceinte actuelle de la cathédrale a accueilli le couronnement de 25 rois, de Louis VIII le Lion, en 1223, à Charles X, sacré en présence de Victor Hugo et Chateaubriand. […]
L’ange au sourire.
Sur le parvis de la cathédrale, la statue de Jeanne d’Arc, l’épée tournée vers la façade, rappelle le sacre en 1429 du « gentil » dauphin Charles VII. L’ouvrage, dont la plus grande partie fut élevée jusqu’en 1275 sous la direction d’au moins quatre architectes, trouva sa forme définitive au début du XVIe siècle.
Sa statuaire, la plus riche de toutes les cathédrales, compte plus de 2.300 oeuvres parmi lesquelles le célèbre « ange au sourire » dont la pierre se teinte d’ocre au couchant. « La cathédrale c’est la mémoire de la foi, mais aussi la mémoire de la France. Elle a marqué l’histoire autant que l’histoire l’a marquée », rappelle l’abbé Jean-Marie Guerlin, le curé de la cathédrale. Il évoque notamment le « martyr » du monument, en partie détruit sous les bombardements allemands à partir de septembre 1914. […]