Yohanan Lambert, docteur en études hébraïques et ancien secrétaire du Grand Rabbin de France, ne voit aucune contradiction entre les concours spécifiques réservés à des juifs religieux et le principe de laïcité.
Le principe de la laïcité est de ne pas privilégier une religion. Pourtant la grande majorité des fêtes légales en France a une signification catholique : Noël, Pâques et le lundi, l’Ascension, Pentecôte et le lundi, le 15 août, 1er novembre, soit huit jours sur onze sont des fêtes religieuses.
Dans un article intitulé «l’examen raté de la dérogation religieuse», publié dans Le Monde daté du samedi 16 avril 2011, Caroline Fourest affirme «qu’il n’est pas possible de céder à toutes les demandes sans désorganiser la vie en commun». Son argumentaire repose sur un certain nombre de contre-vérités qu’il est nécessaire d’éclairer.
L’article commence par stigmatiser une «poignée de juifs ultrareligieux». Pourquoi transformer un pratiquant en un extrémiste ? Un catholique pratiquant qui va à la messe tous les dimanches est-il un ultrareligieux ? Le respect des exigences normales ne doit pas être confondu avec l’intégrisme. La religion juive impose au pratiquant le respect du chabbat et des fêtes juives : pas de travail, pas d’écriture, pas d’utilisation de moyen de transport… être pratiquant c’est mettre en pratique les règles habituelles sans faire de zèle. Il est vrai qu’aujourd’hui le nombre de pratiquants catholiques a fortement baissé mais dans de nombreux lieux on ne sert pas de viande le vendredi saint. Cela n’est généralement pas ressenti comme une atteinte à la laïcité.
[…] seule la religion juive a des contraintes spécifiques concernant le repos absolu. Il n’y a pas d’interdiction pour un catholique de travailler le dimanche, d’utiliser sa voiture ou d’écrire. Depuis Vatican II, il peut même aller à la messe le samedi s’il n’est pas libre le dimanche. Pourtant la loi oblige au repos dominical et interdit l’ouverture des commerces ce jour-là. Contrairement à Caroline Fourest, je pense que la France peut sans problème respecter les contraintes religieuses normales de tous ses citoyens. Je suis le premier à m’opposer aux pratiques discriminantes face à l’Islam et je souhaite que la laïcité soit respectée dans son sens originel, le respect de toutes les pratiques.