Le rythme est devenu impressionnant : «Dans les Alpes-Maritimes, on peut contrôler quotidiennement jusqu’à soixante-dix migrants tunisiens», déclare au Figaro un officier de police local. Et encore ne s’agit-il que de ceux qui rencontrent un policier ou un douanier…
Sur les quelque 26.000 clandestins passés depuis janvier par l’île italienne de Lampedusa, 20.000 environ auront bientôt reçu un titre de séjour provisoire délivré pour six mois par les autorités transalpines, les 6 000 autres correspondent à des demandes d’asile. L’Italie est pressée de laisser circuler les «régularisés». Elle leur offre des billets et affrète des cars pour les amener jusqu’à Vintimille. «Non seulement les Italiens délivrent des titres de séjour, mais ils fournissent également des titres de voyage tenant lieu de passeport, avec un problème de taille : tout repose sur les déclarations des sans-papiers, qui peuvent ainsi s’inventer une identité», déplore un commissaire.
Face à cet afflux, le ministère de l’Intérieur tente de «verrouiller» la frontière, par un dispositif de contrôles que Paris ne peut qualifier de «systématiques», sauf à indisposer Bruxelles. Trois unités de forces mobiles ont été envoyées en renfort dans le sud, de Menton à Marseille, pour assister les unités locales. Les agents appliquent avec rigueur l’«instruction» de Claude Guéant qui consiste notamment à s’assurer des conditions de ressources des migrants (62 euros par jour de séjour et 31 euros s’ils justifient d’un hébergement). La plupart des candidats au passage sont renvoyés vers l’Italie au titre de la réadmission. «Mais ils reviennent, parfois deux fois dans la même journée !», assure un policier du terrain. (…)
À Paris, environ 500 clandestins tunisiens se sont regroupés porte de la Villette. Ceux-là sont entrés avant la régularisation italienne. Certains pourraient se voir attribuer une aide au «retour volontaire» de 300 euros. «Ce n’est pas tant l’afflux passé qui nous inquiète que les migrations à venir», lâche un agent de la police aux frontières (PAF). La pression subie par les fonctionnaires est déjà très forte. Les syndicats évoquent du «surmenage» et des cas de gale dans les rangs policiers, en raison des conditions d’hygiènes déplorables dans lesquelles ont vécu nombre de clandestins.