Olivier Duhamel, essayiste et professeur à Sciences Po, lance un avertissement : il faut envisager la présence de Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle …pour l’éviter.
Et si cela se produisait quand même, nous ne serions plus dans l’accident, mais dans une rupture délibérée et profonde de notre vie politique.
Un spectre hante l’élection présidentielle de 2012. Celui du 21 avril 2002. De l’élimination du candidat socialiste, Lionel Jospin, au soir du premier tour. De la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour. Ce spectre hante parce que nombre de sondages d’intentions de vote indiquent que le président sortant, Nicolas Sarkozy, pourrait être devancé par les deux candidats lepéniste et socialiste. «Un 21 avril à l’envers», dit-on.
Ou que la répétition pourrait aussi se faire dans le même sens, tant le niveau des intentions de vote pour Marine Le Pen est élevé, et tant les écarts sont restreints.
Si cela devait se produire, il ne s’agirait que très partiellement d’une répétition du 21 avril. En 2002, la présence du FN au second tour était totalement imprévisible, et totalement imprévue. […] Ce fut un accident du destin électoral, lequel ne se serait tout simplement pas produit s’il avait été imaginé. Rien de tel pour le 22 avril 2012. L’hypothèse Le Pen au second tour ne cesse d’être répétée. Nous sommes plus que prévenus. Le sont aussi les précandidats issus de l’UMP – déjà au nombre de quatre (Borloo, Boutin, Dupont-Aignan, Villepin). La pression ne cessera donc de se renforcer pour les dissuader.