En 1991, la victoire des islamistes du FIS lors des législatives en Algérie avait conduit à la démission du président Chadli Benjedid et à l’annulation du processus électoral par l’armée en janvier 1992. La Tunisie risque-t-elle de connaître le même scénario si les islamistes, donnés largement favoris, venaient à gagner les législatives du 24 juillet prochain ? Pour l’ex-ministre de l’Intérieur du gouvernement tunisien de transition, Farhat Rajhi, la réponse est oui.
Farhat Rajhi a suscité jeudi un vif émoi dans son pays en dénonçant la préparation d’un «coup d’État militaire» dans le pays en cas de victoire des islamistes aux élections du 24 juillet. «Si le mouvement islamiste Ennahda gagne les prochaines élections, le régime sera militaire», a affirmé M. Rajhi dans une vidéo postée sur Facebook dans la nuit de mercredi à jeudi, dont il a confirmé la teneur jeudi sur la radio tunisienne Express FM.
«Depuis l’indépendance (de la Tunisie), la vie politique est dominée par les gens du Sahel tunisien, et après le changement de situation – la chute de l’ex-président Ben Ali le 14 janvier, ndlr –, ces gens ne sont pas prêts à céder le pouvoir», a-t-il accusé.
Selon Farhat Rajhi, les Algériens auraient déjà été informés des intentions du pouvoir de Tunis. «Le dernier voyage du Premier ministre tunisien Béji Caïd Essebsi à Alger (le 15 mars) a consisté à se coordonner sur ce point», a-t-il encore accusé. «La nomination, le 18 avril, du général Rachid Ammar au poste de chef d’état-major inter-armes (terre, air, mer) n’est qu’une préparation à ce coup d’État», a encore affirmé M. Rajhi.
Lors de sa visite à Alger, M. Caïd Essebsi a eu un long entretien en tête à tête avec le président Bouteflika. Il est reparti avec une aide de 100 millions de dollars, l’une des plus importantes jamais accordées par Alger à un autre pays.[…]