Selon «The Guardian», le porte-avions français aurait décidé de ne pas secourir un navire de migrants à la dérive au large de la Libye. 61 d’entre eux sont morts.
Le quotidien britannique The Guardian accuse plusieurs navires militaires européens et de l’Otan de n’avoir pas porté secours à un bateau à la dérive de migrants africains qui fuyaient les combats libyens. Sur 72 personnes à bord, 61 sont mortes, faute d’assistance. Parmi eux, des femmes et des enfants. Selon le journal anglais, «malgré les alertes des garde-côtes italiens et les contacts du bateau avec au moins un navire militaire de l’Otan et un hélicoptère, aucun sauvetage n’a été tenté».
Les migrants, partis de Tripoli le 25 mars, auraient rapidement appelé le père Moses Zerai, qui dirige à Rome l’organisation de défense des droits des réfugiés, Habeshia, pour qu’il prévienne les garde-côtes italiens. Un hélicoptère serait venu dans la foulée survoler le bateau et aurait lancé des bouteilles d’eau et des paquets de gâteaux. Mais aucune aide maritime n’est venue.
Après avoir commencé à dériver, le 29 ou 30 mars l’embarcation serait passée à proximité d’un porte-avions, «si proche qu’il était impossible de la rater», selon le Guardian. Après enquête, le journal anglais affirme que c’était le Charles-de-Gaulle. «Selon les survivants, deux avions ont alors décollé du navire et volé lentement au-dessus du bateau tandis que les migrants se tenaient sur le pont, tenant à bout de bras les bébés affamés. Mais aucune aide n’est venue. Incapable de s’approcher plus près du porte-avions, l’embarcation a continué à dériver. A court de vivres, de carburant et sans possibilité d’appeler à l’aide, ils ont commencé à mourir un par un de soif et de faim.»
Le 10 avril, ils se sont finalement échoués sur une plage près de Misrata, en Libye. Il n’y avait plus que onze survivants.
Contacté par le Guardian, un porte-parole de l’Otan a affirmé qu’aucun navire de leur organisation n’avait été mis au courant. Sinon l’un d’eux serait forcément allé les secourir, comme le droit international les y oblige. Joint par Rue89, l’état-major des armées françaises tient le même discours: «Nous n’avons pas croisé ce type d’embarcation. Nous nous serions évidemment portés à son secours. Nous ne sommes pas concernés. Il ne s’agit pas d’un bâtiment français.»