Entretien avec Virginie Martin, sociologue et politologue Euromed Management…
C’est une France sortie tout droit du petit village d’Astérix et d’Obélix dans laquelle nous nous débattons….. Une France d’antan, dotée de quelques héros vieillissants indéboulonnables, une France de la nostalgie, qui se rêve encore à la fois hexagonale et impériale, qui ne sait pas faire avec la complexe modernité, une France qui se veut universelle, laïcarde, jacobine ; un pays qui pense encore avoir raison contre le monde entier, qui refuse le multiculturalisme, une contrée reculée où la loi Hadopi règne et où les voiles disparaissent…. (…)
Pourtant, cette République française peut être ouverte et généreuse mais à quelques conditions : il suffit d’être homme, blanc, hétérosexuel et de préférence de culture chrétienne. C’est la conception archaïque et dépassée que propose aujourd’hui la France en ayant l’outrecuidance et la suffisance de penser que son modèle est idéal…. Le mythe de la “french touch” sommeille encore en nous. (…)
La France du petit gaulois blanc est restée un espace hiérarchisé, vertical et isolée du monde quand la planète entière est devenue polycentrée, réticulaire et horizontalisée.
Il est important de commencer à prendre un tournant et à changer de paradigme. Celui-ci aurait à voir avec une lecture post-coloniale de notre pays, qui du coup, serait en mesure de dépasser son ethnocentrisme étouffant et pourrait envisager le monde de façon moins auto centrée. Cette nouvelle France ferait certainement fondre quelques unes de nos statues de cire. Une France de la modernité et du post-colonial. Cette France serait enfin capable d’adopter ses queer(s) (étrange en anglais) : ses indigènes, ses jeunes, ses étrangers, ses différents… cette France serait capable de s’élever au delà des binarismes, des normes normatives et impérieuses. Une France transnationale…. qui aurait sonné le glas du pays d’Astérix….
(Merci à Tobias)