La Suisse devrait réintroduire les contrôles aux frontières et se retirer du traité européen de Schengen pour limiter l’immigration illégale, estime Christoph Blocher, figure marquante du parti populiste suisse. L’Union démocratique du centre (UDC) est devenue la première force politique de la Confédération helvétique en 2007 avec 29% des voix et se dit confiante dans sa capacité à faire mieux encore aux prochaines élections fédérales d’octobre.
Le traité de libre circulation de Schengen, adopté par 25 des 27 Etats membres de l’UE, a aboli les contrôles aux frontières en Europe et concerne également la Suisse, qui l’a adopté par référendum en 2005 en dépit de l’opposition de l’UDC. Les accords de Schengen sont de plus en plus contestés, notamment par l’Italie et la France, qui veulent pouvoir fermer leurs frontières pour lutter contre l’immigration illégale en provenance de pays comme la Tunisie.
Les ministres de l’Intérieur de l’Union européenne ont décidé jeudi de ne pas remettre en cause la libre circulation des personnes et d’adapter le traité de Schengen à la marge afin de permettre aux Etats membres de faire face aux crises.
L’influent Christoph Blocher veut aller plus loin.
“La Suisse a fait une erreur en renonçant au contrôle de sa politique d’immigration”, a dit dans un entretien à Reuters l’ancien Conseiller fédéral en charge de la justice et de la police, qui est actuellement vice-président de l’UDC.
“ANNULER LE TRAITÉ”
Christoph Blocher, dont le parti a tiré profit ces dernières années de la peur vis-à-vis de l’immigration en Suisse, a souligné que le gouvernement de centre-droit du Danemark venait de décider de rétablir des contrôles aux frontières pour se protéger de la criminalité venue d’Europe de l’Est.
“Nous pensons qu’il ne faut plus adhérer au traité de Schengen”, a-t-il dit. “Nous devons voir ce qu’il est possible de faire et nous devons avoir suffisamment de courage pour annuler le traité. Nous pouvons le faire, alors que le Danemark ne le peut pas parce qu’il fait partie de l’Union européenne.”
“Les routes sont bloquées, les trains sont surchargés, la culture n’est pas protégée”, a souligné Christoph Blocher qui a ajouté que la Suisse avait l’un des plus haut taux d’immigration d’Europe, avec 80.000 nouvelles arrivées par an.
Les chiffres officiels montrent que les étrangers représentent plus d’un cinquième de la population suisse, qui s’élève à 7,7 millions de personnes. […]