A 16 ans on peut travailler, être jugé, payer des impôts… Et pourquoi pas voter ?
Entretien avec le sociologue Julien Damon, professeur associé à Sciences Po, s’est fait connaître comme spécialiste des questions sociales. Il est ensuite devenu expert des questions urbaines.
A un an de l’élection présidentielle, voyez-vous émerger un «candidat des jeune » ?
Non. Pour l’instant, un seul point est clair : on entend régulièrement scander «la jeunesse emmerde le Front national», mais une partie croissante de cette jeunesse semble prête à donner sa voix à Marine Le Pen. Pour une élection présidentielle, c’est assez nouveau.
Comment expliquer l’apparente moindre défiance des jeunes vis-à-vis du vote FN ?
Une partie de la jeunesse entend que Marine Le Pen lui propose, contre la précarité et l’insécurité sociale, des solutions radicales. Je ne suis pas sûr qu’il faille chercher d’autres explications.
Les autres partis répondent-ils à cette demande de radicalité ? Quels signaux envoient-ils à l’électorat jeune ?
Le PS nous ressort les emplois jeunes. C’est un signal. Mais il a quinze ans. Quoi d’autre ? François Hollande et Rama Yade se sont précipités dans les studios de Skyrock : on se serait crus aux Guignols ! C’est comme quand Jack Lang se réjouit d’être si populaire dans les rangs de la jeunesse… Cela n’a pas de sens politique. Ce qui s’est joué à Skyrock, c’était un conflit capitalistique, pas l’avenir de la jeunesse de France. […]
Vous connaissez l’objection : a-t-on, à 16 ans, la maturité nécessaire ?
On n’est pas mûr à 16 ans ? Mais dans ce cas, retirons le droit de vote aux vieux gâteux à qui l’on fait faire des procurations dans les maisons de retraite ! La maturité s’atteint, puis se dégrade, c’est comme ça. […]