Francesco Delfini, «citoyen européen français et italien», s’indigne de l’interruption entre la France et l’Italie de la libre circulation des trains le dimanche 16 avril à Vintimille pour freiner l’arrivée massive de clandestins en France. Il y voit une entrave intolérable à la libre circulation des «individus» et le «retour progressif, presque imperceptible du nationalisme en Europe».
Les pères fondateurs de l’Europe n’en croient pas leurs yeux et se retournent dans leur tombe.
Si cette entrave n’a pas duré longtemps, elle demeure hautement symbolique de la dérive nationaliste de pays qui ont pourtant été parmi les premiers bâtisseurs de la Communauté européenne que l’on appellera ensuite l’Union. […]
Comment en est on arrivé là ? Que s’est il produit pour que le projet européen ait tant de mal à être partagé par les peuples européens eux mêmes alors que partout dans le monde et surtout en méditerranée des hommes et des femmes sur des radeaux de fortune veulent rejoindre l’Europe pour échapper à leur condition ? […]
Cette démission des Politiques européens nous a conduit à la situation récente du chantage à la dispersion des immigrés au sein de l’espace Schengen comme arme utilisée par les autorités italiennes sous la pression de la Ligue du Nord. Ce parti, comme le Front National, préconise des mesures autrement plus expéditives pour refouler les hommes, femmes et enfants qui arrivent tous les jours sur les îles et les côtes italiennes, espagnoles ou grecques. […]
Face à cela, personne n’intervient aujourd’hui, parmi les parlementaires ou commissaires européens, garants ultimes du projet de l’Union pour exiger la création d’une agence des migrations européennes et une réelle politique commune en la matière. La solidarité européenne est elle à ce point mise à mal qu’elle ne peut jouer que dans les circonstances du sauvetage de l’euro ou du système financier et des banques ?
Pour ne prendre que mes deux pays d’appartenance ceux ci ne font aucune proposition mais, au contraire, ils suivent idéologiquement les partis les plus rétrogrades, populistes et xénophobes (Lega Nord et Front national) dans leur illusion dangereuse du repli nationaliste, de la haine raciale et sociale et du rejet des “extracommunautaires” comme solution définitive à cette question des flux migratoires. […]