Dans cette tribune, Bertrand Vasnier, «référent national» du club Gauche avenir, revient sur la note de Terra Nova qui constitue selon lui l’aboutissement du glissement idéologique de la gauche. Il estime que c’est à la gauche de défendre les classes populaires «tentées par l’extrême droite».
Abandonner les classes populaires au nom de quoi ? Pourquoi ne pas donner directement les clefs de la maison à Marine Le Pen ?
Je n’étais pas né le 10 mai 1981 pour l’élection de François Mitterrand à la Présidence de la République. Pas même le jour de sa réélection. Par contre, je me souviens des deux dernières élections présidentielles, du «mon programme n’est pas socialiste» de 2002, en passant par le «je ne croyais pas au Smic à 1500 euros» de 2007. […]
La porte ouverte par Terra nova doit être considérée avec gravité. […]En plus de promettre la défaite à la gauche en 2012, ce retournement stratégique historique ferait, s’il était retenu, le jeu du Front national en lui offrant sur un plateau d’argent les catégories populaires.
Les enquêtes d’opinion, comme les récentes consultations électorales, ont montré à quel point les classes populaires, en France comme dans le reste de l’Europe, sont réceptives aux sirènes identitaires. La stagnation économique du continent et la violence inouïe de la crise de 2008 qui se métastasent partout en plans de rigueurs, remises en cause des modèles sociaux, mouvements de mentons de dirigeants dépassés et stigmatisations des plus démunis face aux mutations du monde ne doivent pas nous faire «désespérer de l’électorat populaire».
Il n’y a aucune fatalité dans la montée en puissance de l’extrême droite. Bien au contraire. Le sens de notre combat est, a toujours été et restera de s’attaquer aux «racines du mal», là où pousse la mauvaise herbe qui ruine les espérances. […]