Ils ont été interpellés samedi après-midi, dans une galerie commerciale du Mans. En écoulant de faux billets, ils espéraient se payer un voyage au pays cet été.Tandis que la cour s’est retirée pour fixer son sort, Cheik Ahmadou s’inquiète de savoir s’il pourra attraper un train qui lui permettra d’arriver à temps à Lyon, ce mardi, pour passer l’épreuve d’économie comptant pour son master 1.
Ce Sénégalais de 26 ans, arrivé en France l’an passé pour ses études, était jugé hier dans le cadre de la comparution immédiate. À ses côtés, un compatriote, ami d’enfance et étudiant au Mans en master 1 de comptabilité. Lamine, 27 ans, est actuellement en stage dans un cabinet d’expertise comptable. Autant dire que « tout ce qui concerne l’argent n’a pas de secret pour vous », relève la présidente. Les deux étudiants modèles, sans casier judiciaire et bien insérés socialement, comparaissaient pour… usage de faux billets. Des faits graves punis de 10 ans de prison.
Ils ont été interpellés samedi après-midi, dans la galerie commerciale d’Auchan. Ils venaient de faire des achats dans une demi-douzaine de magasins. Simple : ils achetaient un vêtement à un prix peu élevé, le payaient avec un faux billet de 100 €. Récupérant ainsi de la monnaie en « vrai argent ».D’où venaient-ils ?Cheik Ahmadou explique qu’il est monté vendredi dernier à Paris, « chercher du travail ». Il est alors tombé sur un homme qui lui a proposé une combine bien plus lucrative : l’écoulement de faux billets. Ni une, ni deux, pour 700 €, il en a acheté pour 2 000 € de faux. Et a appelé son ami Lamine pour lui faire profiter de l’aubaine. Celui-ci a envoyé dans la foulée 700 € en mandat-cash. Et Cheikh Ahmadou a débarqué samedi matin au Mans avec ses 40 faux billets de 100 €… On en a retrouvé 21 dans la voiture de Lamine.
« Pourquoi ce trafic ? interroge la présidente Brunetière. Vous êtes bien placés pour savoir que c’est illégal ! » Cheikh Ahmadou, qui travaille à Lyon dans une entreprise de sécurité pour financer ses études, souhaitait réunir l’argent du billet pour aller voir sa famille cet été au Sénégal. Quant à Lamine, il voulait « aider son petit frère en difficulté financière » et projetait lui aussi un retour au pays cet été.[…]
(merci à Marie-Anne)