La présidente contemple l’étendue d’un casier judiciaire, long comme un jour sans pain avec ses treize condamnations, et fourni en vols.Elle interroge le prévenu :« comment l’expliquez-vous ? ». Dans le box, l’homme qui purge une peine de prison pour d’autres faits est dans l’expectative. « Je ne l’explique pas. J’ai toujours cette pulsion de prendre ce qui ne m’appartient pas. »
Le 27 décembre dernier, Mohamed Chellali était dans le Dévoluy avec son frère. Lors d’un passage à Veynes, ils dérobent deux cafetières au magasin Gitem et se font prendre par les gendarmes. La présidente Mme Fourmanoir insiste : comment peut-il faire penser au tribunal qu’il va se ranger définitivement ? Mohamed Chellali suit des soins. Mais il compte sur un autre événement – heureux celui-là – pour s’acheter une conduite. « J’ai une fille de deux mois. Je ne l’ai jamais vue à cause de la prison. C’est très dur. Cela m’a fait réfléchir. »
Le procureur de la République n’est pas attendri. Après treize condamnations, l’intéressé vole vers sa 14 e et il est multirécidiviste. Philippe Toccanier ne voit pas comment il pourrait échapper à la peine plancher de deux ans de prison, sauf à considérer l’étendue du préjudice.L’avocat du prévenu plaide la bêtise de son client, prompt à voler mais aussi à être démasqué. Et il note que son frère, déjà jugé pour la même affaire et récidiviste lui aussi, n’a pas écopé de la peine plancher.La présidente tranche : douze mois de prison dont six avec sursis.