Pour l’ancien président de l’Olympique de Marseille (OM), Pape Diouf, l’affaire des quotas dans le football français est le triste reflet de la société française.
Cette France du football me fait penser à celle qui ferme ses frontières aux jeunes Tunisiens.
Sans aller jusqu’à parler de racisme, on peut évoquer un football français qui exclut, qui fait le tri. C’est le reflet de la société, et cela me désole.
Pourtant, on ne peut pas dire que les Noirs ou les Arabes ne soient pas représentés dans les équipes professionnelles françaises. Sans parler des Sud-Américains ou des joueurs d’Europe de l’Est…
Jusqu’au moment où on fera comprendre aux joueurs issus de la diversité qu’on n’a plus besoin d’eux ? Dans l’armée française, il y avait des tirailleurs sénégalais pour combattre l’ennemi nazi. Et quand on n’a plus eu besoin d’eux, on s’en est séparé. […]
Sur les terrains, il y a des Noirs et des Arabes. Mais ailleurs ? Dans les staffs techniques ? Les cas de Jean Tigana et d’Antoine Kombouaré [le premier, Français d’origine malienne, entraîne Bordeaux ; le second, né en Nouvelle-Calédonie, entraîne le Paris Saint-Germain (PSG), NDLR] sont assez récents. L’absence de diversité dans les instances dirigeantes, dans les commissions et dans les secteurs administratifs est évidente. On ne peut pas la nier.
N’avez-vous pas dirigé l’OM ?
[Il rit.] J’étais l’anomalie sympathique, mais une anomalie ! En ce qui me concerne, on ne peut parler d’une quelconque frustration, car j’ai été président du meilleur club français pendant cinq ans. Parfois, j’avais l’impression qu’on se demandait ce que je faisais là. Cette situation, on peut l’étendre à d’autres secteurs. Combien de Français issus de la diversité sont à la tête d’une grande entreprise ou d’un ministère régalien ?Vous auriez pu vous en émouvoir un peu plus tôt…
Mais à quoi bon ? Tout est joué d’avance. Pour un Arabe ou un Noir, faire partie des instances dirigeantes du football français, ce n’est pas possible. Alors, ils n’essaient même pas d’aller plus loin. […]