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Chloé Leprince, de Rue 89, s’est rendue au bureau des naturalisations de la préfecture de police de Paris pour savoir si ceux qui demandent la nationalité française liaient leur démarche au droit de vote. Leur motivation sont diverses : Ne plus se sentir«humilié» ou faire barrage à «l’extrême droite».

Je cotise pour les impôts et tout le tralala. Il y a plein de trucs que je paye comme n’importe quel autre [sic] Français. (Fatah, Algérien)

Là, ils étaient trois Algériens, nés Français avant l’indépendance de 1962, à attendre que la préfecture acte leur «réintégration». Cette procédure est censée être moins longue que les trois années en moyenne que prend d’ordinaire une naturalisation.

Ben est lui arrivé en France à la fin de l’année 1980 pour entamer un troisième cycle de biologie. Sa thèse obtenue, il est resté. Il a enchaîné les missions d’intérim dans l’industrie pharmaceutique, épousé une Algérienne qui avait fui en France les années noires de l’islamisme. Ensemble, ils ont trois enfants nés en France et Ben dit qu’il est «Français qu’on le veuille ou non».

Fatah est arrivé en 1994 d’Algérie. Durant quinze ans et quatre albums, il fut l’un des chanteurs de l’Orchestre national de Barbès. […] Tant qu’il ne pourra pas glisser un bulletin dans l’urne, le musicien dit qu’il se sentira «humilié».

Parmi les plus jeunes, certains confient leur impatience à militer, alors même qu’ils ne votent pas ou faisaient jusqu’à présent peu de cas de leur citoyenneté dans leur pays d’origine.

C’est le cas de Jihane, 31 ans, Marocaine. Elle a commencé à voter au Maroc, et choisi «un parti islamiste mais pas trop, entre guillemets». Quand on objecte à Jihane qu’elle a déjà le droit de vote dans son pays mais ne l’utilise plus, elle qui vit encore largement au Maroc mais rêve d’accélérer les allers-retours pour s’établir définitivement à Paris. Jihane ne se sent pas Française. Pas davantage que Mathurin, Camerounais, qui affirme qu’il votera «évidemment». […]

Rue 89

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