Guillaume Tronchet, agrégé d’histoire, jeune chercheur en histoire des migrations scientifiques internationales, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, dénonce une «logique de repli» en Europe, notamment dans l’enseignement supérieur et la recherche, et souhaite que la France prenne le «contre-pied de ce courant général».
Ayons garde de ne pas oublier les conséquences de l’hostilité aux «métèques» dans les universités françaises des années 1930.
Depuis des mois, les discours se succèdent sur «l’explosion du nombre d’étudiants étrangers» (Brice Hortefeux, décembre 2010) et sur la nécessité de faire la chasse aux «étudiants fantômes» qui ne viendraient faire leurs études en France que pour bénéficier de nos aides sociales. […] Ce positionnement pourrait bien être aussi une triple erreur.
Erreur stratégique tout d’abord, puisque tout le monde sait qu’à l’heure du capitalisme cognitif, la puissance d’un État et de ses entreprises dépend de la maîtrise des savoirs et de l’innovation, et que, pour rester compétitif, l’attractivité des universités et des grandes écoles représente un enjeu majeur. […]
Erreur économique ensuite, dans la mesure où le séjour prolongé de chercheurs et d’étudiants étrangers représentent une manne potentielle pour nos commerces et nos entreprises, en étant source de créations d’emplois. Le récent rapport parlementaire d’Audit de la politique de l’immigration, de l’intégration et du codéveloppement vient même de prouver, à rebours de toutes les idées reçues, que les immigrés rapportent plus à la France qu’ils ne lui coûtent.
Erreur politique enfin, car la configuration de repli général en Europe pourrait, à condition de s’en démarquer, nous être profitable. David Cameron a par exemple annoncé fin avril une restriction du nombre de visas qui seront désormais accordés à des travailleurs qualifiés. Objectif : 80 000 étudiants étrangers de moins. […]