27/05/11
L’école et la caserne
Emission “L’hebdo” – France 3 – 22/05/2011
23/05/11
(…) Ce stage en immersion était présenté par l’inspecteur d’académie des Hauts-de-Seine comme une « expérimentation de coopération entre l’Education nationale et la Défense ».
Etaient concernés des élèves exclus définitivement de leur établissement au moins une fois, et pour lesquels l’Education nationale espérait, semble-t-il, qu’une telle expérience leur apprendrait à marcher « au pas cadencé » (formule extraite d’un document de l’inspection d’académie pour ce stage), en entonnant La Marseillaise comme un seul homme à la levée du drapeau tricolore tous les matins. (…)
Ce fut une semaine émaillée d’incidents, d’altercations entre les élèves eux-mêmes, entre les élèves et les gradés. Insultes, coups, menaces. « C’était très difficilement gérable », reconnait même un gradé dans Le Parisien. Ainsi, la cérémonie du ravivage de la flamme sous l’Arc de Triomphe a été suivie seulement par trois élèves, les huit autres en ont été exclus, les gradés et le personnel de l’Education nationale craignant un incident… (…)
Les héritages de la France coloniale résident aussi dans cette intention partagée de confier ces jeunes, rebelles à l’autorité, par des soldats. (…) L’exercice de coercition n’a pu aller à terme, les soldats ne pouvant appliquer les sanctions habituelles, et en premier lieu, les séries de pompes… Mais nous sommes bien là face à une catégorisation ethno-raciale mis en œuvre dans le fonctionnement ordinaire d’un organisme public.
Ce référent ethno-racial, implicite au sein de l’Education nationale – explicite sur les sites d’extrême droite précités –, est mobilisé par ses agents pour naturaliser leurs difficultés professionnelles. Un tel stage aboutissant à un échec permet d’ailleurs de justifier le discours déculpabilisant mettant en avant le fait qu’il n’y a rien à faire avec « eux ».
(Merci à Sivispacem)