Plus de 300 personnes vivent depuis quatre ans dans des baraquements installés dans une ancienne imprimerie de Montreuil. Le préfet en a ordonné l’expulsion.Une centaine de baraquements alignés le long d’un dédale de couloirs, des fils électriques tendus en tous sens et environ 300 occupants, dont une vingtaine d’enfants. Le plus grand squat de Montreuil, et peut-être du département, installé depuis quatre ans dans une ancienne imprimerie au 94, rue des Sorins, vit sans doute ses derniers jours. La semaine dernière, ses occupants ont reçu une lettre du préfet autorisant le recours à la force publique pour procéder à leur expulsion, conformément à une décision du tribunal saisi par les propriétaires des lieux situés en limite de Bagnolet.
Depuis, la résistance s’organise parmi les squatteurs, tous originaires d’Afrique de l’Ouest et aux trois quarts sans papiers. Soutenus depuis peu par l’association Droit au logement, ils ont été reçus vendredi dernier par la mairie, qui s’est à son tour tournée vers la préfecture, réclamant la création d’une cellule de relogement […]
A l’intérieur de l’imposant bâtiment, Moussa*, grand gaillard au crâne rasé et au bouc soigneusement taillé, explique posément les revendications au nom du collectif :
On demande la tenue d’une table ronde avec la mairie et la préfecture pour trouver une solution durable de relogement collectif et une régularisation pour tous. […]
Lamine*, un jeune Malien, fait visiter le labyrinthe du squat divisé en quatre blocs baptisés A, B, C et D, le coin mosquée, les petites cuisines aménagées au détour des couloirs et sa chambre où trône un grand téléviseur relié au satellite.Très déterminés, les squatteurs dénoncent de nombreux contrôles de police aux abords du bâtiment depuis une semaine.
Six d’entre nous ont reçu des obligations de quitter le territoire ou des arrêtés de reconduite à la frontière, dénonce Moussa. Non seulement on veut nous faire quitter le bâtiment, mais aussi le territoire français. […]