Le leader français de l’intérim envoie de faux candidats dans ses agences. Le but : corriger les pratiques parfois expéditives de ses recruteurs dans le tri des demandes. Et éviter d’exclure les bons CV pour de mauvaises raisons… […]
Identiques… ou presque
L’objectif de cette opération secrète, façon client mystère, que s’impose le groupe d’intérim ? Mesurer la discrimination à l’embauche au sein de son propre réseau. Pour les besoins de l’expérience, les candidats se présentent par paires dans la même agence, à quelques heures d’intervalle, avec des profils en tout point semblables… à l’exception d’une variable : le sexe, l’âge ou la consonance ethnique du nom. Les résultats de l’enquête 2010 ne seront connus qu’en mai, mais ceux de la première vague d’entretiens, en 2009, étaient éloquents. Si les conseillers Adecco avaient traité indifféremment hommes, femmes, jeunes et quadras, ils avaient davantage favorisé les “François” que les “Ibrahim”.[…]
Une note salée
Le groupe n’a pas lésiné sur les moyens : la facture atteint 100.000 euros par an. […] “Nous sommes obligés de nous montrer exemplaires, confirme Bruce Roch. Les candidats sont le cœur de notre business : nous ne pouvons pas nous permettre d’écarter de bons profils pour de mauvaises raisons.” La Cour de cassation l’avait d’ailleurs rappelé au réseau : en juin 2009, après huit ans de procédures, elle avait confirmé la condamnation d’Adecco et de son donneur d’ordres, L’Oréal, dans une affaire de discrimination à l’embauche soulevée par SOS Racisme. […]