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Hervé de Saint Hilaire a regardé le téléfilm Fortunes hier soir sur France 3. Humeur…

Pensum citoyen…Woody Allen, alors qu’on lui reprochait son peu de « conscience politique », avait répliqué bien sûr par l’humour, en écrivant : « Discrimination raciale : comment reconnaître un Noir ». Hier, dans un téléfilm intitulé Fortunes, il s’agissait d’Arabes français vivant en France. Et on les a reconnus tout de suite, parce qu’ils sont sans arrêt en butte à toutes sortes de manifestations du racisme ordinaire et victimes d’exclusion de la communauté nationale.

Brahim, jeune agent immobilier, se voit obliger par son patron de répondre au prénom de « Charles », car dans ce métier, vous comprenez… Et d’ailleurs, dans cette agence, on ne loue pas aux étrangers. Nous n’avons pas eu droit aux reconduites à la frontière ni au tabassage dans un commissariat. Mais, malgré des dialogues et des scènes parfois réussies, l’ensemble dégage un fort parfum de prêchi-prêcha, un encens culpabilisateur, la forme la plus ennuyeuse du militantisme et de la bonne conscience, la plus répandue quand une fiction aborde le sujet.
Il ne s’agit pas de nier que les immigrés, des trois générations, soient parfois l’objet de discrimination et que certaines personnes n’arrivent toujours pas à admettre, par exemple, que l’on puisse être arabe et français ; mais ce faux air de pensum d’instruction civique, cette montée en chaire sont la raison du ratage.

À force de vouloir nous élever l’âme citoyenne, les auteurs ont abandonné très vite les personnages, leur préférant des stéréotypes ; ce qui est immoral quand on travaille avec des acteurs d’une telle excellence, et bien paradoxal pour une fiction censée dénoncer les préjugés. Alors nous avons le père, restaurateur honnête et fidèle à sa culture, des Portugais, presque beaux-frères, des jeunes qui survivent d’expédients ou ce Brahim qui a beau vouloir bien faire…

TVmag (Le Figaro)

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