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Selon les prédictions des autorités, la mobilisation s’est progressivement tarie. Au fil des semaines, en cet hiver 2008, les rues de Vesoul, un temps noircies chaque samedi après-midi par plusieurs centaines de personnes là pour dénoncer l’expulsion de l’imam de la ville, ont recouvré leur physionomie habituelle.

Pourtant, les faits reprochés à ce dernier, à l’époque commerçant dans le quartier populaire du Montmarin, en France depuis plus de vingt ans, s’avèrent particulièrement graves. Suffisamment en tout cas pour justifier, aux yeux du ministère de l’Intérieur, l’arrêté d’expulsion mis en œuvre le 9 janvier 2008, renvoyant le religieux dans son pays d’origine, le Tchad.

« Abakar Mahamat Zene propage une idéologie soutenant le djihad armé et incitant à la haine raciale contre le monde occidental et les juifs, idéologie à laquelle une partie de la jeunesse musulmane de Vesoul se montre très réceptive », selon la direction centrale des renseignements généraux. Pire, le théologien tchadien titulaire d’une carte de séjour valable jusqu’à fin 2011 et organisateur de pèlerinages à la Mecque, « contribue ainsi à poser les bases idéologiques nécessaires à la constitution de groupes à caractère terroriste ». (…)

Beaucoup d’habitués de la mosquée, à l’image du président de l’association franco-musulmane, affirment n’avoir jamais entendu de tels propos. Dénonçant un « complot » ourdi par des détracteurs d’Abakar Zene, par ailleurs soutenu par des prêtres catholiques louant son ouverture d’esprit, dans la course à la fonction d’imam.

Reste que, comme le martèle la Ligue des droits de l’homme, partie prenante dans le dossier, « quand bien même ces propos auraient été tenus, cela relève de la liberté d’expression ». En première instance, la justice administrative n’avait pas retenu cette idée. En appel, devant la cour de Paris, le rapporteur public ne semble pas avoir perçu d’appel à la haine raciale, ni d’actes de provocation. Il a requis l’annulation de l’arrêté d’expulsion et la condamnation de l’État à délivrer un titre de séjour à Abakar Zene, qui vit aujourd’hui d’expédients en provenance de ses fidèles amis vésuliens. Le jugement, mis en délibéré, suit généralement l’avis du rapporteur. Si tel était le cas, le ministre de l’Intérieur pourrait saisir le conseil d’État.

Est Républicain

Merci à heimdall

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