Yvan Gastaut (Université de Nice), est «spécialiste des relations interculturelles dans le bassin méditerranéen, des questions migratoires, du racisme et des enjeux identitaires liés aux situations cosmopolites». Il est interrogé par le quotidien algérien El Watan sur la queston de la binationalité et affirme que «l’enjeu» est justement de construire «des nations à partir de la multi-appartenance».
Si la France rentre dans ce cercle, ce serait une manière de diminuer la diversité et la porte ouverte à tous les extrémismes.
En lançant une nouvelles gesticulation politicienne, le Front national et une partie du parti majoritaire UMP jouent avec le feu d’une température de rejet qui va à contre-courant de ce qu’est la France. Plutôt que de casser le thermomètre de la défiance, l’universitaire Yvan Gastaut décode la rancœur et resitue le débat.
Si on se place du côté de celui qui condamne la binationalité, n’a-t-il pas des raisons de le faire ?
Le Front national touche un questionnement sur l’appartenance unique qui va à l’encontre des réalités qui sont celles de populations mélangées. Cette suspicion de l’appartenance nationale est tout à fait d’actualité et le Front national trouve là un filon, car on peut parier que beaucoup y sont sensibles. […]
Mais est-ce qu’une nation peut survivre avec ces différences accumulées ?
[…] Il faut casser le modèle du passé : une nation, un Etat et tout le monde formaté dans ce cadre. Les gens sont bien sûr dépositaires de la nation, et on ne peut nier qu’un binational ait une sensibilité indéniable à la France. Le sport l’a bien montré, la culture aussi. Comme au moment de la construction nationale, il y avait aussi des attachements.Le mythe d’une nation uniforme et univoque est dépassé. Le pari est justement de construire une structure nationale en revendiquant le rassemblement à partir des richesses et des apports divers.