StreetPress a traîné avec son micro pendant 2 jours au foyer d’hébergement africain des Mûriers dans le 20e arrondissement à Paris. La plupart des témoignages cités ci-dessous ont souhaité rester anonymes, soit pour non possession de papiers en règles, soit parce que témoigner à visage découvert risque de leur porter préjudice
Bobo Doucouré, délégué du foyer :
« Je croyais que la France était un paradis, un pays où il faisait bon vivre, où on pouvait travailler, avoir de l’argent sans trop de difficultés. La perspective au début c’était qu’une fois qu’on a travaillé deux, trois ans, ramassé un magot, on rentre, on fait une affaire qui puisse tourner.
Mais c’est un cercle vicieux : on gagne pas d’argent mais on n’a plus envie de rentrer; on s’est reconstruit notre vie, on pense autrement. (…)
Les gens qui sont au pays, on leur dit que ça sert à rien de venir, que c’est pas un paradis. Mais maintenant ils ont des images. Vous voyez à la télé comment ça marche, on montre des belles choses. On a beau expliquer qu’on vit à 4 ou 5 dans un 10 mètres carrés et qu’on mange du mafé, les gens ne le croient pas. »
Un sénégalais arrivé en France en 1972 pour étudier :
(…) A chaque fois que je pars au Sénégal, et qu’on me parle de venir ici, je réponds « Faut pas y’aller, [si] vous y allez c’est pour vous créer des problèmes et créer des problèmes aux autres».
Un homme aux allures de vagabond et d’intellectuel, en France depuis 28 ans :
(…) Si quelqu’un de mon pays d’origine me demandait conseil sur la France parce qu’il aimerait venir, je lui dirais très nettement qu’il pourrait trouver mieux ailleurs. Moi je vivais mieux en Afrique. Le plus grand regret de ma vie, c’est d’être venu en France.»