« A Mayotte, l’éducation nationale a oublié les parents ! ». Alors que lors de ses portes ouvertes vendredi dernier, l’association Tama proposait des recherches de pistes pour accompagner les parents dans l’éducation de leurs enfants, cette interpellation ne manquait pas d’arguments…
Caché sous le mot « parentalité », l’exercice quotidien de la fonction de parent n’est facile nulle part. A Mayotte, se rajoute le conflit entre tradition et modernité, qui est sans commune mesure avec le décalage entre parents et enfants en métropole.[…]
Car le bouleversement est énorme : « il n’y a pas si longtemps, la scolarité n’existait pas pour les filles. Les conflits étaient gérés par une juridiction de droit local, avec des tribunaux de cadis qui donnaient leur verdict dans les affaires familiales : lorsque des parents n’arrivaient pas à gronder un enfant, ils le remettaient au foundi coranique qui pouvait l’enchaîner pendant 48h pour le punir. Ce n’était pas considéré comme de la maltraitance, tout comme le mariage arrangé d’enfants de 11 ou 12 ans, ou les arrangements financiers entre les familles après un viol. Et d’un coup, tout cela a été médiatisé et montré du doigt. Ils n’ont pas compris ».[…]
Une des interventions les plus remarquées fut celle de Said Archimed, Céméa (*) : « le décalage serait moins violent si le professeur mzungu, au lieu de réagir en disant « mais c’est dingue vos habitudes ou votre Coran ! », répondait aux traditions racontées par les élèves par « ok ! c’est comme ça que cela se passe ici, merci de m’avoir informé. Car l’éducation nationale a oublié les parents et les richesses de cette société, pour ne se préoccuper que des enfants ! ».[…]
Mais le problème des papiers empêche aussi les déplacements d’un point à l’autre : « c’est très dur de faire venir les parents lors d’une garde à vue de mineurs » faisait remarquer la vice-procureur Véronique Compan qui expliquait que « les réponses sont adaptées à la réalité locale : en métropole, lors d’un signalement d’une fillette de 12 ans enceinte, c’est le branle bas de combat. Ici, c’est plus fréquent. Nous essayons donc de la confier à une association qui la prend en charge. Nous ne tolèrerons par contre jamais qu’un enfant soit battu ou enchaîné ».[…]
Malango Actualité 20/06/2011