Le 18 juin, Jean-Luc Mélenchon a été investi candidat du Front de gauche pour la présidentielle de 2012. Pour la Tribune de Genève, ce «populiste salutaire» ferait «du bien à la démocratie» s’il parvenait à faire barrage à Marine Le Pen.
Les quelques pourcentages de voix que prendrait Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen empêcheront peut-être la candidate frontiste de figurer au second tour de l’élection présidentielle.
L’Histoire tourne souvent à la farce cruelle. L’un des derniers vestiges du stalinisme européen, le Parti communiste français (PCF), vient de se donner pour candidat à l’élection présidentielle de 2012 un ancien militant trotskiste [et ancien membre du Parti socialiste (PS)], Jean-Luc Mélenchon, sous la bannière du Front de gauche. […]
L’extrême gauche sera donc représentée par un seul candidat sérieux en 2012, qui développe dans sa propagande les thèmes du populisme sur une musique marxiste. Excellent orateur, Jean-Luc Mélenchon n’a pas son pareil pour ironiser sur les «belles personnes» et stigmatiser la connivence politico-médiatique. Son slogan préféré : «Qu’ils s’en aillent tous» doit sonner comme du Rouget de Lisle aux oreilles des électeurs du Front national (FN). C’est d’ailleurs en cela que la candidature de Mélenchon est une bonne nouvelle pour la démocratie. Cela ne signifie certes pas que le patron du Parti de gauche soit devenu un grand démocrate. Il sacrifierait volontiers la démocratie sur l’autel de la lutte anticapitaliste, répétant ainsi la tragique erreur de Lénine. Mais à la gauche d’un PS dont le programme est d’une fadeur toute gouvernementale, Jean-Luc Mélenchon peut attirer vers lui une partie de ces classes populaires qui se sentent aussi méprisées par le PS que par l’Union pour un mouvement populaire (UMP).
Le monde est secoué par le frisson de l’indignation, du ras-le-bol devant l’impuissance politique vis-à-vis des agences de notation et autres spéculateurs sans visage. En France, cette indignation augmente chaque jour de volume. Or il est malsain qu’elle ne soit captée que par l’extrême droite dont le programme se limite à la haine de l’autre.