Sur son blog, le journaliste Ivan Rioufol (Figaro) se désole des dernières déclarations de Jean-Louis Borloo.
Normalement, s’il continue ainsi dans le pathos du politiquement correct, Jean-Louis Borloo ne devrait pas tarder à s’épuiser dans les sondages. Les Français n’en peuvent plus, me semble-t-il, de tous ces clichés qui, au nom du respect de l’Autre, en arrivent à l’oubli de Soi. “Nous sommes tous des enfants d’immigrés, seule la date d’arrivée change”, a-t-il ainsi déclaré, dimanche, en commentant sa nouvelle confédération centriste, présentée comme “la force anti-FN”. Hervé Morin, qui rivalise avec son allié pour obtenir l’acquiescement des clercs, l’avait dit autrement en assurant dernièrement : “Les Français sont héritiers de l’immigration”. C’est d’ailleurs en vertu de ce raisonnement, usuel chez les esprits clonés, que l’Education nationale a, par exemple, fait entrer dans les programmes de 4 e l’étude des civilisations africaines du Monomotapa et du Songhaï, au détriment d’Henri IV et de Louis XIV. Le processus de déculturation doit beaucoup à cette rhinocérite aïgue qui sacralise l’immigré au point d’en oublier l’autochtone. Personnellement, je trouve insultante cette discrimination qui me touche.
Faudrait-il que la France millénaire s’efface ? Borloo ne voit pas plus loin que ses intérêts électoralistes. Il croit les trouver en flattant un conformisme de plus de trente ans d’âge, acquis aux exigences des minorités ethniques et sexuelles. Or, au contraire, je suis convaincu que l’urgence pour la République est de se libérer de cette tyrannie et de renouer avec l’intérêt général. Les hommes politiques ne mesurent pas la désespérance des Français oubliés, qui se voient relégués dans les soutes d’une nation que des Borloo-Morin jugent dépassée. C’est cette blessure que décrit, en écrivain écorché et provoquant, Richard Millet dans son essai, qui affole ces jours-ci la presse comme-il-faut (Fatigue du sens, Editions Pierre Guillaume de Roux). Il écrit : “Je veux dire en quoi je ne me sens plus français, pourquoi on me fait renoncer à cette qualité, et pourquoi je précipite le mouvement en m’excluant moi-même de ce corps malade, pratiquant une sorte d’apartheid volontaire (…)”. Mais Borloo n’a pas encore gagné sur Millet.