Les 50 ans, l’année prochaine, de la fin de la guerre d’Algérie s’invitent dans la campagne. Sarkozy va intervenir. Mais le “mécontentement” est grand chez les rapatriés.
Le repas leur est resté sur l’estomac. Invités à déjeuner à l’Élysée le 15 juin par le directeur de cabinet du président, Christian Frémont, les représentants des huit principales associations de rapatriés en sont ressortis particulièrement « mécontents ». « Mon commentaire sera bref : ce fut le vide sidéral », a ainsi réagi Thierry Rolando, président du Cercle algérianiste (photo), dans un courrier adressé à ses responsables locaux. Sa conclusion : « Je crois pouvoir vous dire, sans risque de me tromper, que les pieds-noirs seront passés pour pertes et profits et qu’il n’y aura pas grand-chose dans la besace de Nicolas Sarkozy en direction de notre communauté. Telle est ma perception, partagée par les autres présidents. »
Ils sont très à droite et très soudés ; leur vote peut faire basculer la présidentielle de 2012 »
Propos d’“extrémistes” en guerre contre les “gaullistes” ? C’est tout le contraire. Première association de rapatriés de France, le Cercle algérianiste compte dans ses rangs plusieurs élus sur des listes UMP. La plupart de ses adhérents ont voté pour Sarkozy au second tour de 2007. Idem pour les autres associations présentes : Anfanoma, Mafa, Udisfra, Recours, etc.
C’est dire combien ce “ressentiment” de la communauté pied-noire (de 1,3 à 2 millions de personnes, en comptant les enfants), inquiète la majorité – jusqu’au sommet de l’État. « , reconnaît un parlementaire UMP membre du groupe d’étude sur les rapatriés.
À la tête de cette structure, Élie Aboud, député UMP de l’Hérault (lui aussi présent au déjeuner du 15 juin), a été, comme il le dit lui-même, chargé de « faire la passerelle » entre l’Élysée et les pieds-noirs. S’il ne nie pas la « suspicion des rapatriés vis-à-vis du pouvoir », et le « risque » qu’elle fait courir à Sarkozy en 2012 – année des 50 ans de la fin de la guerre d’Algérie – , il entend cependant la relativiser : « leur attente était tellement forte, qu’elle a forcément suscité de la déception, confie-t-il. Et puis, cette déception dépasse le cadre des rapatriés. À l’instar d’une partie de l’électorat de droite, elle s’explique aussi par une certaine crispation sur les questions de sécurité et d’immigration. »
Reste un constat : c’est par pans entiers que l’électorat pied-noir a depuis basculé (ou rebasculé) en faveur du Front national : « Nos résultats aux régionales et aux cantonales dans les zones à forte population pied-noire, comme le Var, le Vaucluse ou les Alpes-Maritimes, le démontrent, relève Louis Aliot, vice-président du FN et fils de rapatriés : ceux qui avaient cru en la parole de Sarkozy ont le sentiment, justifié, d’avoir été une nouvelle fois trahis, comme leurs aînés en 1962. » […]