Qu’il s’agisse de l’immigration, de l’euro, du bilan de Sarkozy ou du destin de DSK, la candidate durcit le ton. Et renvoie gauche et droit dos à dos.
“Evidemment, si demain on désactive ces fausses cartes, cela entraînera une explosion dans un certain nombre de nos quartiers et de nos banlieues. Le contrôle des prestations sociales doit être beaucoup plus rigoureux. Le problème, c’est qu’il y a un certain nombre d’endroits où les contrôleurs ne peuvent même plus entrer.”
France-Soir. Sur les questions d’immigration, n’êtes-vous pas frappée par le rapprochement qui s’esquisse entre le FN et une partie de l’UMP ?
Marine Le Pen. « Frappée » ? Je suis surtout frappée par l’explosion de l’immigration. M. Guéant a admis qu’il avait accordé 203.000 titres de séjour en 2010. Sous Lionel Jospin, on était à 148.000 par an. L’UMP me fait penser à ces cancres qui, à l’école, ne font strictement rien de leurs deux premiers trimestres et qui, le dernier mois du dernier trimestre, se mettent subitement à travailler. Le problème c’est que cela ne fonctionne pas ! Les responsables UMP sont insincères, et ne réagissent aujourd’hui que pour des raisons purement électoralistes. Enfin, ce n’est pas Mme Royal qui est au pouvoir depuis quatre ans et demi : c’est Nicolas Sarkozy. Les gesticulations de Claude Guéant ne suffiront pas pour convaincre les Français que ce gouvernement est capable de répondre aux questions que pose l’immigration. Pas plus que celles des députés de la Droite populaire (l’aile droite de l’UMP, NDLR) : ils ne sont là que pour canaliser la colère des électeurs trahis. Je vais vous dire : si Nicolas Sarkozy leur a menti, c’est parce que, d’accord avec ses amis du CAC 40, il se sert de l’immigration pour peser à la baisse sur les salaires français.
F.-S. La France peut-elle se permettre, comme le suggère le FN, de stopper demain toute forme d’immigration légale ?
M. L. P. Bien sûr !… Je propose la mise en place d’un moratoire total sur l’immigration légale. Elle doit diminuer et être limitée, au bout de cinq ans, à 10.000 entrées annuelles. Alors que nos finances publiques sont en déliquescence et que nous avons 5 millions de chômeurs, on ne peut plus se permettre de faire entrer chaque année sur notre territoire une population équivalente à celle de la ville de Rennes. Pour les enfants d’immigrés, l’école et les soins sont gratuits. Or ce n’est pas gratuit pour les contribuables français. Ces gens-là vivent grâce à la solidarité de la communauté nationale. Savez-vous qu’un tiers de l’aide aux personnes âgées est délivrée à des immigrés en situation légale, qui, pour certains, n’ont jamais cotisé en France ? Celui qui est venu chercher du travail en France et qui, après un certain nombre de mois, n’en a pas trouvé, on doit pouvoir lui dire : « Monsieur, vous n’avez pas trouvé d’emploi dans notre pays, il faut que vous rentriez chez vous. »[…]