De tradition libérale, réputé pour son franc-parler, Hans-Werner Sinn est l’un des plus célèbres économistes allemand. Directeur de l’institut de conjoncture munichois IFO, il compare la situation actuelle de la Grèce avec celle de l’Allemagne après la crise de 1929.
M. Sinn, vous plaidez pour une sortie temporaire de la Grèce de la zone euro. Cela ne signifie-t-il pas la fin de la monnaie unique ?
Non, ce qui déstabilise l’euro est le déni de réalité des politiques. Le développement de la Grèce est massivement handicapé par l’euro. La Grèce a deux problèmes : d’abord, elle est surendettée, et surtout, elle n’est plus compétitive. L’euro a permis à la Grèce d’emprunter à taux très faible, le pays a développé une bulle inflationniste et un gigantesque déficit extérieur. Pour faire disparaître le déficit, la Grèce doit réduire ses prix de 20 % à 30 %. Une telle baisse des prix n’est pas possible à court terme à l’intérieur de la zone euro.
L’Allemagne a connu la même situation entre 1929 et 1933. A l’époque, elle ne pouvait pas dévaluer sa monnaie à cause des plans Dawes et Young ; elle a dû procéder à une baisse de ses prix de 23 % et de ses salaires de 30 %, qui a mis le pays au bord de la guerre civile. La même chose pourrait se passer en Grèce si on continue à exiger d’elle qu’elle baisse ses prix et ses salaires de 30 %. […]
(merci à Toto)