L’académicien Max Gallo a publié son «Dictionnaire amoureux de l’histoire de France». De Jeanne d’Arc au soleil d’Austerlitz, du baptême de Clovis à l’appel du 18 Juin, il y défend avec ferveur «une certaine idée de la France» et veut «ranimer le roman national français».
J’attache beaucoup d’importance à l’élection de 2012. Je crois qu’elle sera capitale. On va soit une nouvelle fois ne pas transformer le pays pour des raisons politiciennes ou sociales, soit réussir à reproduire ce qui a été fait après guerre.
«La foi catholique est l’âme de la France», écrivez-vous. Et les autres religions ?
Je crois que le catholicisme a joué un rôle décisif dans la genèse de l’histoire française. Mais, pour moi, le baptême de Clovis représente en même temps l’origine de la laïcité, avec la séparation entre le pouvoir religieux – Rémi, évêque de Reims – et le pouvoir politique. Dès le départ, la France n’est pas une nation religieuse, même si la religion y occupe une place fondamentale. Pour autant, je n’exclus pas les autres croyances. L’islam a parfaitement le droit d’exister et d’avoir ses lieux de culte, mais à une condition : intégrer cette réalité française qu’est la laïcité.
«Fille aînée de l’Église» et «pays des droits de l’homme», la France ne s’est-elle pas toujours rêvée plus grande qu’elle ne l’est ?
La France a tenu et tient toujours un rôle qui est incompréhensible si on n’est pas conscient du fait qu’être une nation, c’est aussi avoir une idée de la grandeur. Je constate d’ailleurs que ceux qui tenaient le discours de la fin des nations – en expliquant que c’est une forme obsolète et que la politique se joue au niveau du monde, de l’Europe ou de la région – se sont bien trompés.[…]
Nicolas Sarkozy a-t-il été ce modernisateur que vous attendiez ?
Quoi qu’on pense de lui, je crois réellement que son quinquennat est une période marquée par la volonté de moderniser. On peut discuter des réformes, et il y a eu des erreurs nombreuses, mais cela représente un vrai tournant.[…]