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À mi-chemin entre le musée et le mémorial, la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, ouverte en 2007, peine à trouver son public.

Dans un hall désert, trône un distributeur de barres chocolatées remplacées par des cigarettes, des préservatifs et divers produits siglés “halal”. Regardant la machine, un mannequin noir porte un sweat-shirt lui aussi griffé “halal”. Intitulée la Machine à rêve, cette oeuvre de Kader Attia, un artiste français d’origine algérienne, est censée traduire « les déchirements de l’exil » et « le va-et-vient d’une culture à l’autre ». Elle illustre surtout l’ambiguïté conceptuelle de la Cité de l’immigration : s’agit-il d’un musée scientifique ou d’un projet politique ?

Quatre ans après son ouverture, le public ne semble pas avoir trouvé le chemin de cette institution. […] la Cité n’en a accueilli que 109 000 l’an dernier, dont une bonne moitié d’élèves amenés par les écoles « auxquels s’ajoutent des groupes d’adultes, de femmes en cours d’alphabétisation, par exemple », précise son directeur général, Luc Gruson.

[…] Vingt millions d’euros ont été investis dans le réaménagement du palais mais, selon Luc Gruson, le budget de la Cité (6,6 millions d’euros par an) reste insuffisant pour « communiquer efficacement ». […]

L’histoire de la Cité remonte au début des années 1990. Ce sont des historiens et des militants associatifs qui en ont lancé l’idée. En 2001, Lionel Jospin, alors premier ministre, confie le soin d’y réfléchir à Driss el-Yazami, de l’association Génériques, et à Rémi Schwartz, maître de requêtes au Conseil d’État.[…]

De nombreuses questions se sont posées dès la conception de ce lieu. « […] Fallait-il insister sur l’intégration des populations étrangères ou sur leurs apports culturels ? « Nous n’avons pas adopté une approche multiculturaliste, affirme Luc Gruson. […]

L’approche est essentiellement thématique. […]Les textes explicatifs délivrent parfois un message ouvertement politique : « D’une époque à l’autre, restent toujours des Français qui savent tourner le dos à la xénophobie pour faire le choix de la solidarité. Aujourd’hui, de plus en plus nombreux sont ceux qui s’ouvrent à la diversité. » […]

Jeune professeur d’histoire en Île-de-France, Philippe est perplexe : « Cette présentation ne peut pas aider mes élèves à comprendre ce que sont les cultures d’origine des immigrés ni ce qu’est la culture française. Je préférerais leur faire visiter un lieu où les savoirs et les objets sont présentés de manière structurée. »

[…]On pourrait aussi conclure que la Cité de l’immigration est à l’image d’une époque qui ne sait plus quel discours tenir sur l’intégration.

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