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Mardi matin, les CRS se sont rendus dans la petite impasse où est nichée la salle de prière des musulmans du foyer de travailleurs Aréli. Comme prévu, ils ont appliqué la décision du préfet : déloger les fidèles pour permettre les travaux.
Comme à son habitude, il ne mâche pas ses mots. Coincé en Algérie pour raisons personnelles, Mohamed Bousnane explique par téléphone qu’il a « demandé aux fidèles de se réunir pour donner des suites à ce drame ». Ce « drame », selon les termes du président de l’association Tutti Frutti, c’est la venue des CRS mardi à 8h à la salle de prière de Fives. Comme on s’y attendait depuis fin juin (lire notre édition du 23/06/2011), le Préfet a envoyé les forces de l’ordre pour déloger les fidèles et permettre à LMH de détruire la salle et poursuivre les travaux de reconstruire du foyer Aréli.
L’opération s’est faite dans le calme. […]
« C’était un contingent de CRS avec des motards, raconte Saïd, 70 ans. Ils ont tout vidé. Ils n’ont même pas respecté le lieu, ils n’ont pas retiré leurs chaussures ». Saïd est « écoeuré ». Et s’interroge sur l’organisation du ramadan qui débute lundi : « Où va-t-on faire nos cinq prières ? Ceux qui peuvent marcher iront à Mons-en-Baroeul. Mais les autres ? Et à 4 h du matin, y’a pas de métro, pas de bus pour aller faire la prière ».
[…] À ses côtés, Hassan, Algérien installé au foyer depuis plus de 40 ans, va dans son sens : « L’Islam interdit de toucher le bien des autres. Cette salle n’était pas à nous. On est dans une République, il faut respecter les lois ».Hassan ne comprend pas l’acharnement d’autres fidèles à vouloir conserver cet espace utilisé par les musulmans du quartier depuis 40 ans. « Ces gens sont des égoïstes. Regardez, c’est un bidonville ici. » Moustapha, auxiliaire de vie qui intervient au foyer depuis trois ans, ajoute : « Moi je fais la prière dans mon coeur, à la maison ». Avant de suggérer avec malice une solution à la disparition de cette salle : « Les églises sont très belles. Pourquoi ne pas nous les prêter ? Après tout, mosquée signifie lieu de prosternation en arabe. Et église vient du grec ekklêsia, assemblée ».
Une belle idée pleine de fraternité mais qui n’est pas au goût de Mohamed Bousnane, le leader du mouvement de contestation. « Cette affaire va laisser des traces, dit-il. Le gestionnaire (Aréli, ndlr) qui soi-disant s’occupe du bien-être des immigrés est à côté de la plaque. Le bailleur (LMH, ndlr) aurait dû avoir un sens humain plus poussé et le préfet a pris une responsabilité qu’il devra assumer. On ne lui pardonnera pas, je vous le promets. Et Martine Aubry aura affaire à la communauté musulmane ». […]