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La chambre des vacations donnait hier l’image d’un grand souk. « Ils sont où les détenus ?! On pourra les avoir avant minuit ? Je vais aller les chercher moi-même, ça ira plus vite… », peste la présidente Jacqueline Faglin, peu habituée aux audiences bordéliques, elle qui tient de main de fer « sa » 7e, la chambre spécialisée en délinquance organisée.

Houspillé, le chef d’escorte, qui n’y est pour rien, tente de faire bonne figure après cette rodomontade publique et fait remonter fissa le menu fretin des petites geôles. Mais là, ce sont des avocats qui sont introuvables… « Je suis sidérée des conditions épouvantables de ces comparutions. C’est consternant ! Je vais faire un rapport carabiné au président du tribunal même s’il en a rien à faire ! Je fais la mise en état des dossiers, tout à l’heure on va me demander de nettoyer la salle ! », s’énerve urbi et orbi la magistrate, terreur des jeunes avocats qui n’en mènent pas large.

« Vous êtes à la barre, pas au bar ! »

On démenotte Abdelwahed, 40 ans. Le type a massacré sa femme d’autant plus confinée à domicile qu’elle est sans papier et que lui entretient en cachette une maîtresse et leur gosse. Crachats, morsures, cheveux arrachés, tête cognée contre le mur ; ça dure depuis deux ans. Cinq certificats médicaux depuis septembre 2009. Il n’a souvenir de rien. Son avocate croit bon de dire que lui aussi prend des coups et que son incarcération mettra au chômage ses cinq employés…

Abdelhafed, 27 ans, tête de défoncé, toxo récidiviste sous médoc. Il s’est fait serrer à minuit rue Rodolphe-Pollak, quartier Noailles, cambriolant un appartement du 4e étage après être passé par les toits. En garde-à-vue, le monte-en-l’air était encore tonique : il a défoncé la vitre de sa cellule.

« Vous êtes à la barre, pas au bar ! », jette la juge à Habib, 44 ans, autre SDF connu sous neuf alias différents. Arrêté gare Saint-Charles pour outrages et violences, l’agité du bocal a doublement fracturé le péroné d’un policier. « Vous n’avez rien d’autre à foutre que de me contrôler, j’en ai marre ! », avait-il lancé à la patrouille Schengen. « Si y avait moins de gens comme vous, les policiers auraient moins de boulot ! », lui balance la juge qui découvre l’expertise psychiatrique : à moitié gaga donc partiellement responsable.

Tewfik, 37 ans, arrive le pas traînant. Lui aussi est toxico avec une pension d’adulte handicapé. On l’a arrêté à deux pas du tribunal avec sous le bras l’ordinateur volé dans le cabinet d’une avocate de la rue Stanislas-Torrents dont il a efficacement défoncé la porte. C’est son troisième vol aggravé. Remis en liberté sous un contrôle judiciaire qu’il n’a jamais respecté. Re-soupirs de la juge. Faut tenir bon, c’est bientôt les vacances.

La Marseillaise

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