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Parmi l’offre des excitations comblant le manque à vivre, celle de l’extrême droite peut paraître alléchante : le national-racisme. Frissons garantis. Il suffit d’avoir le bon prénom et la bonne couleur de peau pour prendre part à ce sport d’équipe addictif, entre le défoulement adolescent et la chasse aux faibles, avec pour seuls adversaires ceux qui les protègent (les “bien-pensants”), et pour seule règle du jeu la jouissance de haïr en commun. On entend souvent dire que l’extrême droite “revient”.

(…) La folie des frontières ne connaît pas de frontières : elle traverse l’Europe de part en part, comme elle traverse les corps pour en faire rejaillir les funestes fantômes de la “Race” et de l'”Identité”.

Pour comprendre le national-racisme, il faut retenir certaines leçons de Wilhelm Reich sur ce qu’il appelle la “peste émotionnelle”. Elle se propage chez des individus “désespérément frustré[s]”, “qui n’[ont] jamais songé à [leur] responsabilité sociale” et qui succombent “à l’érotisme tapageur du fascisme” :

“Le pestiféré , écrit le philosophe, s’insurge contre le genre de vie des autres, même s’ils ne gênent en rien ses propres habitudes car il considère leur existence comme une provocation”.

Et les fascistes ne jouissent qu’en s’identifiant à l’autorité, “les yeux constamment tournés vers le haut”.

(…) La pépinière nationale-raciste délivre une drogue dure. Elle réduit le monde à des dimensions plus faciles à gérer ; elle réduit la pensée à du “Nous contre Eux” binaire. En France, la droite sarkozyste s’est grossièrement abîmée dans ce trafic. La gauche de 2012 devra être visionnaire, enthousiasmante et inspirée pour promettre une solidarité plus intense que la haine, et convaincre les junkies du national-racisme d’accepter leur cure de désintoxication.

Le Nouvel Obs Vincent Cespedes

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