Mehmet, Kurde irakien de 21 ans, clandestin, raconte son périple, sur terre et sur mer, depuis n pays jusqu’à Paris. Son but : travailler en France pour aider sa famille restée au pays. Son voyage lui aura coûté quelque 6500 euros, dont 5000 pour le passeur. Ferhat Dikmetas, du Bondy Blog, l’a rencontré.
Dans la voiture, Mehmet et moi conversons en kurde, il ne parle pas français. Il me fait rire avec une ou deux blagues. […]
Début du récit de Mehmet. […] Nous n’avons pas eu de problème en traversant la frontière irakienne pour rejoindre la ville d’Hakkari grâce à nos visas «travailleur» préparés longtemps à l’avance. Puis on est monté plus au nord, à Van. Là-bas, l’homme qui avait pour mission de nous amener jusqu’ici, est parti en me remettant un téléphone sur lequel le passeur devait nous joindre. Nous devions prendre un car à destination d’Istanbul, notre ville intermédiaire pour enfin atteindre l’Europe et plus précisément ma destination finale, la France.
Istanbul. […] Le membre de l’équipage qui allait nous cacher sur le bateau nous attendait, il nous a fait monter par une passerelle autre que celle utilisée habituellement, pour rester dans la discrétion. Il nous a fait descendre très bas dans les compartiments du bateau et nous a montré notre chambre. On ne devait pas bouger de cette boite de 10m², quoi qu’il arrivât.
Côte en vue ! 335 heures s’étaient écoulées depuis mon départ de la province d’Arbil. Certains pleuraient, d’autre rigolaient, moi je me mordais la lèvre. C’était tellement beau, notre patience avait porté ses fruits ! Nous étions arrivés sur les côtes espagnoles, dans le sud ! […] Pour moi, c’était un cousin qui avait fait la route en voiture de Paris pour venir me chercher. C’était la dernière ligne avant d’atteindre Paris !
Alors vous vous demandez pourquoi ? Pourquoi subir tout ça pour venir en France ? Tout simplement parce que mes parents vieillissent et que dans quelques années ils ne pourront plus travailler. Mes frères et sœurs sont beaucoup trop jeunes pour travailler et j’attache beaucoup d’importance à leur éducation pour qu’ils aient un avenir prometteur. […]