Grosse tension, hier vers 21 h 30, quand le président Jacques Huard prononce son jugement sur une agression collective survenue le 13 août. Les quatre prévenus nient tous, ils sont tous condamnés.
Rudy Kabuiku, 22 ans, le prévenu principal, ne tient pas en place. Il coupe la parole à tout le monde, répond qu’il vit à trois adresses, ironise, provoque… Les dix-neuf mentions sur son casier judiciaire n’améliorent guère le tableau : vols, recels, violences, agression sexuelle, escroquerie, stupéfiants, menaces, etc. « Ce sont des erreurs de jeunesse », lance-t-il au président Jacques Huard. Le client de Me Delphine Sion est sorti de prison l’an dernier.
Le profil des trois autres prévenus – qui ont été remis en liberté après leur arrestation – est très différent puisqu’ils n’ont jamais été condamnés. Kevin N., 21 ans, et Mouhamadou M., 21 ans, sont tous deux étudiants tandis que Molami B., 21 ans, explique avoir étudié au LOSC et être footballeur professionnel – « sans club actuellement », dit-il – à Bristol, en Angleterre. « Dans cette histoire, on croit que j’ai des millions comme footballeur, on veut me soutirer de l’argent », ajoute-t-il.
« Aucun élément »
Molami B. est formellement reconnu par les trois témoins de l’agression et par la victime. « Lui, je l’ai vu. Mais les autres, j’étais recroquevillé sur le sol, je fermais les yeux », résume Brahim X., le tabassé.
Les prévenus – sauf Kabuiku qui a tendance à s’énerver – expliquent calmement qu’ils avaient passé la soirée du 13 août dans un snack du Triolo, à Villeneuve d’Ascq, avant, vers 23 h, d’aller prier à la mosquée. […]
“On ne connaît pas la raison de ce différend entre deux groupes de jeunes à Villeneuve d’Ascq, ni l’importance d’une première bagarre. Mais on est sûr d’une chose : mon client – un jeune homme fragile, dépressif et jamais été condamné – est poursuivi uniquement parce que c’est un jeune Arabe. À ce titre, ses agresseurs estiment qu’il appartient au groupe antagoniste, le poursuivent, le rattrapent, le tabassent ! Une quinzaine d’agresseurs armés de barres de fer et, selon un témoin, d’une arme de poing ! Quatre ou cinq agresseurs frappent tandis que les autres injurient ou ricanent. Un petit lynchage à motif raciste opéré par des jeunes tous d’origine africaine. Résultats pour mon client : des coups partout et plusieurs dents cassées.”