Parcours de Marwan Muhammad, né en 1978 d’un père commerçant égyptien et d’une mère sage-femme algérienne. Il a cru à la gauche, puis s’est «recentré» sur l’islam». Aujourd’hui, il estime que la création d’une «force de pression» musulmane pourrait faire aboutir certaines revendications.
Aujourd’hui, Marwan qui renâcle à se définir comme «électeur musulman» cite pourtant, comme premiers critères de choix la Palestine ou «le respect des identités complexes».
Son père ne vote pas parce qu’il n’est pas Français mais pas dépolitisé pour autant, imprégné du non-alignement dans le sillage de Nasser ; sa mère marquée par la guerre d’Algérie durant laquelle elle fabriquait la poudre pour les Moudjahidins. Marwan est «cœur de cible» du PS qui tente de fédérer dans les quartiers populaires éclairés.
Pourtant, lui – qui choisit la finance après un échec en médecine «pour la simple raison que ce serait le secteur professionnel le moins discriminant pour quelqu’un de fort en maths» – en a justement nourri une amertume un peu féroce pour le PS. C’est cette amertume-là qui l’a tenu longtemps éloigné des bureaux de vote, même s’il confie plutôt une sensibilité de gauche : «Le racisme de droite ; il est identifiable et il a de gros sabots. Le racisme de gauche est plus diffus et il se positionne sur des thèmes progressistes qu’on n’a pas envie de démolir a priori.» […]
Est-il plus impliqué aujourd’hui dans le jeu électoral parce qu’il se sentirait davantage discriminé ? «Peut-être», même si Marwan souligne aussi que «pour de nombreux musulmans, Nicolas Sarkozy reste aussi celui qui aura mis Rachida Dati, Fadela Amara au pouvoir».[…]
«On ne voulait pas d’électorat musulman et voilà qu’une génération de musulmans arrive en âge de voter. Imaginez qu’on construise un lobby, une force de pression sur des entreprises ou des hommes politiques au niveau local, qui se structure autour de certaines questions de société.»