À Cholet, des demandeurs d’asile somaliens dénoncent vexations et remarques intolérables d’un chauffeur de car à leur encontre. Ces scènes de racisme sont récurrentes. L’homme a été mis à pied.
Depuis quelques mois, ils sont les victimes d’un racisme malheureusement trop « ordinaire ». Insupportable, à la longue, pour ces trois Somaliens, logés à Cholet par l’Abri des Cordeliers. Ils racontent, révoltés, les agissements récurrents d’un chauffeur de car, âgé d’une trentaine d’années, à leur égard. […]
« Pas de témoin »
Samir, 27 ans, détaille sa mésaventure, survenue au début de l’été : « Le chauffeur m’a fait descendre près de Carrefour. En me disant que c’était le terminus. J’étais tout seul dans le véhicule avec lui, il n’y avait pas de témoin. Il était 19 h 30, j’ai été obligé de sortir. Il me criait dessus : Allez, dégage. » Son cas n’est pas isolé : « La plupart de mes amis ont aussi rencontré des problèmes. » Abderissak, qui ne maîtrise quasiment pas le français, s’exprime en anglais : « Je prenais le bus à la gare routière, pour aller à Angers. À un moment, il n’y avait plus que moi, assis au fond du car. Je somnolais. Le chauffeur a fait exprès de laisser la porte arrière entrouverte. Il me regardait d’un air furieux. » De manière générale, il évoque le « manque de politesse. Pour me parler, il dit : Descend ! » Une autre fois, Abderissak « voulait descendre à la gare ». Mais le chauffeur s’est « arrêté aux Halles ».
Pour eux, il n’y a aucun doute : « C’est à cause de notre couleur de peau. Et parce qu’on ne parle pas votre langue. » Le dernier fait connu date de fin juin. Abdi, 28 ans, venait de prendre son ticket à la gare routière d’Angers. Et montait dans le car. « Ce même chauffeur m’a lancé : C’est pas toi sur la photo. Il m’a fait redescendre et a démarré. » Sauf que cette fois, Abdi a réagi. Il est allé au guichet de la gare et s’est plaint. « Un responsable est venu. Il m’a emmené en voiture et a rattrapé le car. À un arrêt, il s’est expliqué avec le chauffeur. J’ai alors pu monter dans le bus. »
C’est ce dernier fait qui a valu au conducteur, fin août, une mise à pied de trois jours. « On a eu la preuve qu’il a refusé l’accès au car à un homme, à cause de sa couleur de peau. Même s’il prétextait que ce n’était pas lui sur la photo du titre de transport. Cet acte est inadmissible au sein d’un service public », commente-t-on au sein de la société de transport, prestataire de service pour Anjou Bus. Une chance, fait remarquer Monique Sionneau, ancienne professeur des écoles, qui donne des cours d’alphabétisation à l’Abri des Cordeliers car, « en général, il n’y a pas de témoin. »[…]