Comment en est-on arrivé là? […]«L’évolution de la délinquance est notamment le fruit de l’augmentation des situations de précarité», explique-t-il. Près de 28% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. […] En la matière, le milieu maghrébin (et une partie de la communauté gitane sédentarisée) est en première ligne mais se voit confronté à de nouveaux concurrents. Réputés jusque-là pacifiques, quelques-uns des 80 000 Comoriens de la ville ont franchi le pas et savent eux aussi jouer de leurs armes. «Il y a plus de Kalachnikov à Marseille que dans le centre Kaboul», déplorait d’ailleurs ce week-end le syndicat de police Alliance.[…]
Le «communautarisme de la délinquance» se vérifie notamment dans le centre-ville, où les bandes de Roms deviennent un vrai casse-tête pour les policiers. Les rois des pickpockets et de la cambriole font des ravages sur la Canebière.
[…] Et ici la mosaïque marseillaise joue à plein, excepté les Corses qui refusent le mélange et se heurtent parfois de façon très sanglante aux caïds maghrébins pour le contrôle du trafic de coke.Ce ne sont manifestement pas les 166 policiers supplémentaires promis hier par Claude Guéant et les deux compagnies de CRS affectées en urgence qui vont véritablement changer les choses.
La France, comme bon nombre de pays européens, reprend en main sa politique de la ville, de l’immigration et de la sécurité. Il est délicat d’associer délinquance et immigration, mais il faut bien reconnaître que les mêmes ingrédients se retrouvent parfois, mais pas toujours, lorsque des conditions bien définies sont réunies.
Hier M. Claude GUEANT, ministre de l’intérieur et homme de confiance du président Sarkozy, a installé son directeur adjoint de cabinet comme préfet chargé de la sécurité.[…] Hier encore, le jour même de la visite du ministre, un homme a été grièvement blessé par un tir nourri de kalachnikov ou par d’autres armes venues de Bosnie.
Le trafic de drogue a rendu fous les délinquants qui n’hésitent plus à tirer sur les forces de l’ordre et à régler leurs comptes de manière sanglante. […]
Il y a fort à parier que les thèmes les plus prégnants de la campagne seront l’insécurité, l’immigration et le chômage. Des trois, ce sont probablement les deux premiers qui se tailleront la part du lion. Sans même parler de l’incontournable surenchère entre le FN et la droite parlementaire qui a enfin pris les dimensions exactes de ce profond malaise.
On ne peut pas vivre chez des gens tout en refusant de vivre avec eux, d’assumer leur histoire et de partager leur destin.